Ô joie, Ô bonheur infini !
Voilà que j'ai fais par le plus grand des hasards une découverte plus qu'intéressante. Moi-même étant universitaire, bien qu'encore à l'échelon insignifiant du mastère, et plutôt en histoire qu'en lettre, bien que je me spécialise dans l'histoire du livre, j'ai eu l'occasion de faire récemment une petite présentation dans le cadre des mes examens sur la science-fiction. Je n'ose pas vous mettre mon petit travail qui a certes reçu un bon accueil, mais sûrement du fait de l'ignorance de mon examinatrice sur le sujet, et donc qui n'a pas pu voir ce qui ressemble à quelques maladresses de ma part.
Bref, pour en venir au fait que j'ai eu l'occasion de découvrir quelques travaux universitaires sur le genre de la science-fiction dernièrement, et cela s'est révélé plutôt très intéressant pour ma petite curiosité, et j'espère que certains ici font part d'un sentiment similaire au mien sur le sujet. Hélas pour moi, je suis tombé trop tard sur une revue d'étude de science-fiction que je vais vous présenter, la ReS Futurae.
Il s'agit donc d'une revue électronique semestrielle qui n'a pour le moment à son actif qu'un seul numéro publié lors du deuxième semestre de 2012. Donc est attendu deux numéros par an (puisque c'est semestriel, je définis la chose, au cas où). C'est du sérieux puisqu'il s'agit d'un travail universitaire. Mais je tiens à vous signaler son existence du fait qu'il est disponible au public dans sa version intégrale, ce qui est appréciable. J'ai tendance à râler sur mes propres travaux du fait que je trouve (c'est un avis personnel) que l'accès aux travaux de recherche est trop limité, difficile d'accès. Donc profitez ! J'aime d'ailleurs beaucoup la première phrase de l'édito de la revue que je vous cite ici.
Aucun phénomène culturel ne mérite d’être négligé, et surtout pas par les institutions universitaires dont c’est le cœur de métier, qui s’appuient essentiellement sur l’argent public, et doivent à la société des résultats fermes sur leur travail.Irène Langlet
La revue émet trois objectifs pour le moment :
-
de faire émerger une véritable communauté scientifique de recherches universitaires francophones sur la science-fiction
-
de faire une place aux corpus francophones, négligés par la critique anglophone, même dans les sommaires de Science Fiction Studies (qui tend, lorsque c’est le cas, à privilégier les corpus d’avant 1960).
-
de favoriser l’échange de savoirs entre l’expertise anglophone acquise et l’expertise francophone en structuration.
Ce sont ces trois points qui font que j'ai les yeux qui brillent (bon, peut-être pas, mais ça me touche). Qu'est-ce que j'y vois ? J'y vois de l'espoir pour la SF francophone qui offre une qualité indéniable mais qui est par ailleurs trop souvent ignorée. Ignorée tout d'abord par les peuplades de ce beau pays nommé France, bien que j'exagère. On dispose d'une culture SF non-négligeable, mais les tirages d'une œuvre d'anticipation en France ne sont pas pour autant à la hauteur. Si à ses débuts en France, le "merveilleux scientifique" était reconnu par la critique généraliste (ex : le premier prix Goncourt), ce n'est plus le cas aujourd'hui. La science-fiction a été rangé dans un belle petite étagères, mais à l'écart du grand public, ce que je regrette. J'espère vraiment que cette revue on ne peut plus sérieuse, bien que je ne me fasse pas d'illusion par rapport à sa diffusion (bien que j'intervienne là) réhabilite la chose sur la scène francophone.
De l'espoir aussi par rapport aux deux points suivant. Peut-être qu'en attirant l’œil d'universitaires anglophones, cela attirera des éditeurs de la langue de Shakespeare afin d'éditer de la science-fiction bien de chez nous, et ainsi espérer un avenir meilleur pour le genre en France. Encore une fois, je ne me fais pas trop d'illusion, mais je considère tout de même cette revue comme un premier pas significatif pour faire sauter le verrou du monde anglophone. Il faudra espérer probablement des années pour voir un effet quelconque, mais je préfère espérer que me résigner. Après, l'action doit se jouer bien plus au niveau des relations entre maisons d'édition (ex : Bragelonne et Gollancz) qu'au niveau des universités.
Mais passons outre mes espoirs fous. Je tiens à féliciter le comité de rédaction et tous les gens qui sont derrière pour ce projet ambitieux. J'aimerais beaucoup avoir une revue gratuite similaire sur l'histoire du livre. J'espère simplement que les numéros suivant resteront libre d'accès.
Voilà, je n'ai pas grand chose d'autre à ajouter. je sais que vous préférez lire de la bonne SF plutôt que de lire des livres sur la SF, mais bon, c'est mon blog, je fais ce que je veux uhuh. J'en profite d'ailleurs pour partager avec vous quelques-unes des lectures universitaires que j'ai eu en fin d'année 2012, dont quelques nom connus du côté de la ReS Futurae. Avec tout d'abord un ouvrage de synthèse qui relate une sorte d'histoire officielle de la SF. Il est assez court, donc je pense qu'il est sympathique pour s'imprégner un peu de la question avant de s'attaquer à des ouvrages plus intéressant d'un point de vue réflexion.
Roger BOZETTO, La science-fiction, Paris, Armand Colin, 2007, 127 p.
Je conseille ensuite les ouvrages suivant, pour ce que j'ai lu, il en existe sûrement un paquet d'autres à lire absolument. Le Christian Grenier est peut-être un peu daté par contre. Je n'ai pas encore assez de lectures universitaires pour me faire une idée vraiment précise.
Anne BESSON, D’Asimov à Tolkien, Cycles et séries dans la littérature de genre, Paris, CNRS éditions, 2004, 247 p.
Christian GRENIER, La science-fiction, lectures d’avenir ?, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1994, 169 p.
Irène LANGLET, La science-fiction, Lecture et poétique d’un genre littéraire, Paris, Armand Colin, 2006, 304 p.
Voilà, je ferme ma grosse parenthèse dans mes critiques et conclus un joli mois de janvier où j'aurais redoublé d'activité. N'hésitez pas à jeter un coup d'oeil à cette revue électronique (c'est pour ça que j'ai fais cet aparté).
Enjoy !
Le site de la revue électronique : http://resf.revues.org/