Titre : Même pas Mort
Biographie auteur :
Synopsis :
Série : Rois
du Monde – Première Branche
Auteur : Jean-Philippe Jaworski
Editeur : Les Moutons électriques
Auteur : Jean-Philippe Jaworski
Editeur : Les Moutons électriques
Date de publication : 2013
Couverture :
Couverture :
Nombre de tomes sorti : Epreuve non corrigée
Illustrateur : Sébastien Hayez
Pages : 270
pages
Prix : 23,00
euros
Biographie auteur :
Jean-Philippe
Jaworski a suivi des études de lettres et enseigne le français en lycée, dans
la région de Nancy. Il a collaboré au magazine Casus
Belli, créé Tiers Âge, un jeu
de rôle gratuit sur la Terre du Milieu, et Te Deum pour un massacre,
un jeu de rôle historique sur les guerres de religion. Après Janua Vera, son premier recueil de
fictions, et Gagner la guerre, son premier roman
très remarqué, il nous plonge cette fois dans une trilogie celtique.
Synopsis :
Je m’appelle Bellovèse, fils de Sacrovèse, fils
de Belinos. Pendant la Guerre des Sangliers, mon oncle Ambigat a tué mon père.
Entre beaux-frères, ce sont des choses qui arrivent. Surtout quand il s’agit de
rois de tribus rivales… Ma mère, mon frère et moi, nous avons été exilés au
fond du royaume biturige. Parce que nous étions de son sang, parce qu’il n’est
guère glorieux de tuer des enfants, Ambigat nous a épargnés.
Là-dessus, le temps a suivi son cours. Nous
avons grandi. Alors mon oncle s’est souvenu de nous. Il a voulu régler ce vieux
problème : mon frère et moi, il nous a envoyés guerroyer contre les
Ambrones. Il misait sur notre témérité et notre inexpérience, ainsi que sur la
vaillance des Ambrones. Il avait raison : dès le début des combats, nous
nous sommes jetés au milieu du péril. Comme prévu, je suis tombé dans un fourré
de lances. Mais il est arrivé un accident. Je ne suis pas mort.
Critique :
JE SUIS LE CORRUPTEUR ! Cherchant à assouvir ma
soif de Jaworski, je suis parvenu à emprunter l’épreuve non-corrigée de la
nouvelle série de mon auteur français favori malgré le temps qui me manque
actuellement. Et j’ai bien fais. Mais si j’ai adoré Gagner la Guerre, et
mon collègue Eäron Valil lui aussi, j’ai trouvé Même pas Mort bien plus
maitrisé. Exit les erreurs d’un premier roman qui malgré son excellence parmi
son firmament contenait quelques longueurs. En parlant de longueur, celle de
cette première « branche » est assez courte, ce qui ne laisse la
place au final qu’à une introduction, mais quelle introduction, vraiment
brillante !
La très grande force de Jaworski à mon sens, c’est qu’il
est un conteur merveilleux. A la lecture, j’ai pensé à Patrick Rothfuss. Ce n’est
certes pas du tout les mêmes registres de style, mais c’est au final le même
sentiment, je m’explique. Je caractériserais le style de Patrick Rothfuss de
particulièrement épuré, très agréable à la lecture, et bien plus accessible que
la plume ciselée de Jean-Philippe Jaworski qui fait parler le métier de prof de
français, avec un niveau de langue bien plus élevé. Néanmoins, les deux
parviennent à adopter cette narration de conteurs, qui parvient à mêler le réel
« fictif » (que ce soit à base historique pour l’un ou complètement
imaginaire pour l’autre) à la mythologie (idem précédente parenthèse). Le télescopage
entre récit réaliste et récit imaginaire est parfait, et c’est la base de cette
réussite.
Restons dans la comparaison, mais cette fois-ci de sa
précédente œuvre, Gagner la Guerre. Le métier rentre rapidement chez
Jaworski, les longueurs ont été éliminées tout en conservant les qualités d’écriture
donc, mais aussi en conservant aussi cet intérêt premier pour une Histoire avec
un grand H. Vous connaissez mon horreur pour les choses bien écrites mais vides
de fond. Et bien là, on a les deux. Certes, comme je l’ai déjà précisé, il s’agit
d’un premier volume assez introductif qui peut paraître peut-être assez lent,
et pourtant, jamais on ne s’ennuie grâce à la richesse du monde entremis par l’intermédiaire
de la richesse de l’a plume de l’auteur. Chaque mot donne du sens à cet univers
sur fond historique. Chaque personnage est particulier. Et si chaque moment ne
se vaut pas, c’est parce que par moment, on touche quelque chose de grand dans
cette fresque. Quoi donc ? On ne le sait pas encore, mais le suspense est
à son comble malgré l’approche choisie, celle où l’on connait déjà plus ou
moins la fin avec le récit de jeunesse de Bellovèse, notre héros, alors que
celui-ci, on le devine, est d’un âge bien plus avancé désormais.
Parlons des personnages, car il s’agissait aussi d’un
des grands points forts de Gagner la Guerre, avec un Don Benvenuto
manichéen à souhait, plein de gouaille et extrêmement attachant. Le registre
est cette fois-ci différent avec Bellovèse. Au lieu d’un assassin des
bas-fonds, on a de retranscrit dans ce texte un parfum de grandeur par l’intermédiaire
de ces récits de guerres, et donc aussi par celui de Bellovèse, ainsi que
quelques autres personnages. Derrière Bellovèse, on a un patchwork de
personnalités extrêmement bien rendu et intéressant.
Enfin, je conclurais sur la toile de fond de ce
nouvel univers de l’auteur, ancré dans une période et à un peuple finalement
peu abordés. Les recherches faites dessus semblent importantes, et surtout plus
proche d’une certaine réalité historique que ce que j’ai déjà pu lire sur l’époque.
Mais j’ai surtout pu apprécier que l’on parle de peuples celtes sans parler de
romains, un peu loin des clichés, ce qui permet de casser ce côté « barbare »
des gaulois avec cette histoire centrée sur eux. Malgré cette base très
historique, bien plus que Gagner la Guerre puisqu’il s’agit d’ici d’inspiration
directe, et non indirecte, n’oublions pas que l’aspect fantasy est justement
bien plus présent ici que dans le premier roman de Jean-Philippe Jaworski. Et
si j’apprécie beaucoup cette fantasy pauvre en magie, plus que le contraire
probablement, elle est ici très bien rendue. La magie n’est pas ordinaire,
certes, mais elle n’est pas dissociée de la réalité créée par l’auteur. Elle
est présente, c’est tout, et rien de plus normal.
Un premier opus introductif, meilleur sur la forme
que Gagner la Guerre, pas encore sur le fond, mais qui promet de grandes
choses pour la suite que l’on attend impatiemment.
Note : 9/10
LA
plume française dans le genre de la fantasy. Un conteur et un style hors-pair à
dévorer.