mercredi 2 avril 2014

La République des Voleurs, de Scott Lynch

Titre : La République des Voleurs
Auteur : Les Salauds Gentilshommes – Tome 3
Editeur : Bragelonne

Date présente édition : mars 2014
Couverture :
Illustrateurs : Benjamin Carré
Pages : 671 pages
Prix : 25,00 euros

Biographie auteur :

Scott Lynch est né aux États-Unis en 1978. Son premier roman, Les Mensonges de Locke Lamora, a été l’événement Fantasy de ces dernières années, traduit en quinze langues et couronné par de nombreuses nominations et récompenses internationales prestigieuses (British Fantasy Award, Locus Award, Grand Prix de l’Imaginaire, Prix Imaginales…).

Synopsis :

Après le plus grand casse de leur carrière, Locke et son inséparable complice, Jean, ont réussi à s’échapper. Mais Locke ne s’en est pas tiré indemne : empoisonné, il est mourant. Aucun alchimiste n’est en mesure de l’aider. Alors que le moment fatidique approche, une mystérieuse Mage Esclave lui propose un marché qui le sauvera ou mettra un terme à ses souffrances. Locke hésite, jusqu’à ce que la mage mentionne le nom d’une femme qu’il a connue par le passé. L’amour de sa vie. Sa rivale en matière d’habileté et d’intelligence. Et, s’il accepte cette mission, son plus dangereux adversaire.
À l’approche des élections de la cité des mages, les différentes factions recrutent leurs stratèges. Locke doit faire un choix : affronter ou séduire celle qu’il n’a jamais pu oublier. Leurs vies dépendent peut-être de sa décision…

Critique :

                Ce n’est pas une impression, mais je crois que tous les aficionados de Scott Lynch vont commencer leur chronique en disant qu’ils ont trouvé le temps long entre le deuxième et ce nouvel opus des Salauds Gentilshommes. Je ne vais pas y échapper. Six ans d’attente (peut-être seulement cinq dans mon cas) ! Les deux premiers volumes entrent sans problème dans mon top 10 all of time de mon panthéon fantasy, le premier volume pointant bien dans le top 3. Donc plus qu’une simple attente, c’était le désespoir qui me rongeait lorsque je voyais une news où Scott Lynch replongeait en dépression. C’est rare de ma part d’éprouver une telle envie pour la poursuite d’une série. Harry Potter et Les Chroniques d’un tueur de roi sont les deux seules à me venir en tête.

                Le décor planté, je peux vous affirmer que ce nouveau tome n’entrera pas dans mon top 10 (certes très virtuel). Le préjudice de l’attente probablement, et même de l’espoir, pour emprunter un mot un peu grandiloquent. Peut-être ai-je une vision un peu trop fantasmée, trop idéalisée, de mes précédentes lectures de la série (je n’ai pas relu les livres depuis cinq ans). Néanmoins, une fois n’est pas coutume, je pense être parvenu à cibler la plupart des choses qui m’ont moins plu. Je dis bien moins, car ce serait le premier tome de la série, probablement crierais-je au génie d’un nouvel auteur, La République des Voleurs restant un excellent moment de fantasy, mais j’en attendais tellement. C’est une chose qui ne me ressemble d’ailleurs pas puisque mon mode de fonctionnement est habituellement plutôt inverse. Ne pas en attendre trop, laisser l’auteur développer son univers comme il l’entends, prendre le bon là où il est et émettre un jugement plus définitif lors du dénouement de la série. Sauf que Les Salauds Gentilshommes s’exposent justement à ce jugement plus définitif en présentant une intrigue différente et conclusive à chaque volume.

                Mais j’en reviens à ces éléments qui font de La République des Voleurs une (relative) déception. Tout d’abord, un schéma un peu différent dans la construction. Vous me direz, le changement c’est bien, et je suis plutôt d’accord avec cette maxime. Mais le côté feuilleton des Salauds Gentilshommes qui montent un mauvais coup me plaisait bien. Les voir avec un commanditaire, contraints et forcés, ça enlève un peu de magie. Et plus qu’enlever de la magie, ça enlève ce côté imprévisible puisqu’on leur demande de faire des mauvais coups. Par conséquent, j’ai trouvé les rebondissements moins tranchants qu’habituellement.

                J’étends un peu mon raisonnement. Le fait de donner un cadre précis à l’action de Locke Lamora et Jean Tannen (« vous pouvez taper, mais pas trop », pour faire un peu dans la caricature), en plus d’enlever un peu d’imprévisibilité, annihile totalement l’effet de tension que j’ai personnellement pu ressentir dans les tomes précédents. A aucun moment n’ai-je pu sentir nos héros courir un réel danger. Or, c’est vraiment cet aspect « sur le fil du rasoir » qui me plaisait le plus précédemment.

                Une dernière chose m’a titillé au point de sérieusement me blaser parfois. Ce sont les flashbacks récurrents, au point d’avoir deux histoires complètes au sein d’un même livre. Je suis d’avis qu’il aurait fallu distiller cela plus subtilement, ou bien que les deux fils se rejoignent d’une façon plus puissante. J’ai bien compris l’objectif d’approfondir la relation passée entre Sabetha et Locke pour donner plus de volume à la relation présente, mais… j’ai trouvé cette histoire passée manquant un peu de croustillant, au point de parfois souhaiter sauter quelques pages, et surtout qui n’apporte pas suffisamment à l’intrigue principale.

                Mais arrêtons le négatif. N’oublions pas que mon opinion n’engage que moi-même, et peut-être aimerez-vous ces flashbacks et ce changement. Et si je m’en tiens à mon appréciation globale, j’ai tout de même passé un bon moment de lecture devant ces nouvelles aventures de Locke Lamora et Jean Tannen. Pour vous en convaincre, je vais m’attarder un peu sur ce qui me donne envie de poursuivre l’aventure Scott Lynch.

                Tout d’abord, même si j’ai trouvé les rebondissements plus faibles qu’auparavant, il reste d’excellents moments, aidés par cette gouaille si typique des personnages de Scott Lynch. De l’aventure donc, mais aussi de nombreux moments de rires. Je lis rarement de livres purement humoristiques, mais La République des Voleurs m’a fait rire comme pas deux, chose suffisamment rare pour être soulignée. Et cette gouaille, comme dans les deux premiers volumes, est rendue possible par le sens de la répartie de Scott Lynch qui confine au génie. Je n’ai qu’un équivalent en tête à un niveau similaire, c’est Joe Abercrombie (mais pas vraiment dans le même style).

                Ensuite, vous l’aurez remarqué pour les fans de la série, enfin nous avons la rencontre entre Locke et Sabetha. Et personnellement, je n’ai pas été déçu. Chacun n’attend pas forcément la même chose de cette relation, mais j’ai personnellement aimé. Bon, l’auteur en fait peut-être un peu trop parfois (notamment par le biais des flashbacks :p), mais c’est compliqué à souhait entre eux deux (comme prévu), d’autant plus que leurs retrouvailles se déroulent dans cette opposition aux élections, on a connu plus folichon.

                Néanmoins, ce qui m’a le plus emballé est la fin du roman, bien menée, mais surtout riche en révélations. Franchement, je n’ai pas décramponnée des cents dernières pages. Dommage que tout n’était pas à ce niveau. Pour moi, La République des Voleurs est un volume de transition qui laisse présager de beaux jours à venir. De nombreuses pistes sont données par l’auteur, mais elles ne sont pas exploitées. Et donc, je crois que je suis reparti pour un tour de manège, dans l’attente du tome quatrième du nom. Je vous invite à lire ce volume malgré tout, et je m’excuse pour la longueur de cette chronique, jamais vue par chez moi. En tant que fan, il m’était impossible d’égratigner le monument de Locke Lamora et ses Salauds sans quelques circonvolutions.

Appréciation : Un peu moins bien que les volumes précédents dans certains compartiments, et donc une certaine déception pour ma part, mais toujours cette fantasy clinquante, pleine de vitalité, avec cet art du dialogue qui claque.  L’aventure continue !
Le jeu des comparaisons : Sincèrement, pas de comparaison en tête, excepté comme le dit Bragelonne Oliver Twist et Arsène Lupin, dans un univers fantasy. Et donc Joe Abercrombie pour l’importance donné aux dialogues qui envoient du pâté.

7 commentaires:

  1. Ah là là... hâte de le lire aussi, et peu importe si c'est légèrement en-dessous des précédents. :-)

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    1. Tout n'est pas à jeter non plus, loin de là. Donc bonne lecture :)

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  2. Tu n'es pas le premier à être un petit peu déçu... Mais il faut dire que le gestation de ce roman a été difficile, ça se ressent sans doute un peu.
    En tout cas, j'en attends beaucoup ! J'adore cette série !

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    1. Oui, je pense qu'il y a de ça.
      Tu as vu d'autres critiques dans la même veine de La République des Voleurs ? Je n'ai vu qu'Elbakin et Blackwolf pour le moment, plutôt dithyrambiques.

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    2. Maintenant que tu le dis, je croyais avoir vu une ou deux chroniques se montrant un peu déçues, mais je ne sais plus où, et je ne sais pas les retrouver !^^
      J'ai dû rêver !
      Bon tant mieux si la qualité est au rendez-vous hein ! ;)

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  3. Un peu en dessous des deux autres, je suis d'accord, mais pas forcément pour les mêmes points que toi. Et ça reste tout à fait satisfaisant ! ^^
    Je ne vais pas commencer à développer, sinon je vais faire ma chronique ici. On pourra en parler quand ça sera fait. Juste un point : concernant la construction du récit, dans mon souvenir c'est la même chose quand dans le premier tome, non ?

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    1. J'attends avec impatience ta chronique ;)

      En ce qui concerne la construction du récit, elle est en effet similaire dans le premier volume, chose que j'avais vérifiée avant de rédiger mon reproche. Seulement, ce n'est pas du tout le même équilibre ! Les interludes sont de vrais interludes, c'est plus court, plus énigmatique, plus intéressant à mon sens.

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