Ce film de
Bong Joon Ho nous interpelle aux abords d'une période post-apocalyptique où la
Terre se trouve perpétuellement recouverte d'une épaisse couche de neige et de
glace. La vie à l'extérieur devient alors impossible, et pousse l'Humanité à se
réfugier dans un unique train infaillible, à l'itinéraire constant, dix-sept
années durant. Cette représentation qui hérite de la BD française de Jacques
Lob pointe du doigt de nombreux vices (drogue, violence...) de notre société et
l'absurdité de la condition humaine.
Ce scénario
qui se veut profond et ingénieux n'est pas à l'abri de certains défauts et
invraisemblances, et d'une certaine touche de fantastique (don de prédiction
d'une jeune fille) dont le réalisateur aurait pu volontiers s'abstenir - à mon
goût -, ou aurait au contraire dû l'approfondir jusqu'à le rendre crédible dans
un univers qui se voulait plus ou moins fidèle au réel. L’on retrouve également
tout un enchaînement de simples aperçus des différents wagons, sans la moindre
volonté de recherche ou de créativité, ainsi qu’un gros manque de mise en
scène. Le spectateur se perd donc quelque peu et se voit même contraint de se
regarder lui-même dans un monde identique au sien, aux stéréotypes forcés, avec
pour seule particularité d'avoir un environnement physique limité. Le
réalisateur accélère le rythme exactement là où il aurait été intéressant de
s'arrêter et de développer : comment la vie est-elle rendue
possible dans un train ?
De plus, un
certain nombre de questions et de points demeurent dans l'ombre, peu
explicités, peu creusés. L'intrigue s'enferme dans le désir de vengeance du
personnage principal, Curtis (interprété par Chris Evans), et délaisse alors un
nombre considérable de pistes qu’il aurait été intéressant d’exploiter.
L’objectif principal est oublié : ce n’est plus qu’un combat personnel pour
un groupe qui se voulait à la base révolutionnaire et désirait améliorer les
conditions de vie des prolétaires. De même, la fin se délite dans des explications
fabuleuses et par un grave manque de réaction du personnage de Wilford
face à la destruction de son chef d’œuvre, le train. Mais malgré ces touches
qui font quelque peu défaut au film, ce dernier reste empreint de bonnes idées
et d'un panel surprenant d'images magnifiques et d'effets spéciaux travaillés.
En effet,
l'intrigue demeure tout de même recherchée, innovante avec un jeu d'acteurs remarquable,
et contraste bien entre un Curtis au visage violacé (dans l’une des dernières
scènes), symbole d'une jeunesse malade et d'un peuple victime de la pauvreté, contrebalancé
par le calme plat et serein qu'aborde le vieux Wilford bourgeois. La fin, peu
prévisible, relance le tout d'un souffle d'espoir, d'une possibilité en l'homme
de perpétuer. Le tableau final parle de lui-même : une jeune fille
blanche, forte, prend sous son aile un enfant noir où la place donnée à la
femme et à l'acceptation des différences n'est certes pas bénigne. On applaudit
donc finalement ce film réalisé par Bong Joon Ho, beau et à tendance
introspective pour le spectateur.
Signé : Eäron Valil
Un avis différent : Le Dévoreur au ciné #6
On est d'accord, la BD est mille fois meilleure !
RépondreSupprimerLe film est bordélique à souhait, mais il y a beaucoup de bonnes idées et un second degré décapant (« bonne année ! »). J’ai aimé l’ensemble, avec ses défauts :)
RépondreSupprimerBeaucoup aimé ce film. Pas lu la BD. Mon image préférée du film c'est à la fin, avec l'ours blanc. J'y ai vu une certaine ironie, sachant que l'ours blanc est le symbole des conséquences sur la faune du réchauffement climatique.
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