Titre : Le Fléau de Chalion
Auteur : Loïs McMaster Bujold
Editeur : Bragelonne
Couverture :
Auteur : Loïs McMaster Bujold
Editeur : Bragelonne
Couverture :
Illustrateur : Philippe Caza
Pages : 395
pages
Prix : 20
euros
Biographie auteur : (source : bragelonne.fr)
C’est en 1986 que Lois McMaster Bujold débarque sur la scène de
l’imaginaire avec la série des Miles
Vorkosigan, l’un des plus populaires space
opera de notre temps. Et avec Bujold, populaire rime avec qualité
puisqu’elle collectionne aussi les prix littéraires (Hugo et Nébula). Le Cycle de Chalion
(nouveau doublé Hugo et Nébula) l’a imposée au premier rang de la Fantasy où la
splendeur de ses images, l’intelligence de son propos et la sensibilité de ses
personnages font merveille.
Synopsis :
A la veille du
Jour de la Fille - la grande fête en honneur de la Dame Printemps, l’une des
cinq grandes déités - un homme au corps et à l’esprit brisés avance lentement
sur la route de Valenda. Ancien soldat et courtisan, Cazaril a survécu à
l’indignité et à d’horribles tortures comme esclave à bord d’une galère
ennemie. Aujourd’hui libre, tout ce qu’il cherche, c’est un travail subalterne
dans les cuisines de la Douairière Provincara, dans la noble maison où il
servit comme page durant sa jeunesse.
Mais les dieux
ont d’autres plans pour cet homme humble. Accueilli chaleureusement, vêtu et
nourri, il est nommé, à sa grande surprise, secrétaire personnel et tuteur de
la Royesse Iselle - la sœur, belle et obstinée, du garçon impétueux destiné à
devenir le prochain seigneur du pays. Mais ce poste placera Cazaril à l’endroit
qu’il craint plus encore que la mer : la cour royale de Cardegoss, où règnent
l’intrigue et la trahison. A Cardegoss, les puissants ennemis qui avaient jeté
Cazaril aux fers d’une rame riknari occupent à présent les positions les plus
élevées du royaume, juste en dessous du Roya.
Pourtant
quelque chose de plus sinistre encore que leurs plans machiavéliques pend comme
une épée au-dessus de la famille royale : une malédiction sanguine qui touche
non seulement ceux qui règnent mais également leur entourage. Le futur d’Iselle
et de la Maison de Chalion semble compromis. La seule solution pour Cazaril est
d’avoir recours à la plus noire des magies, mais pour cela, il devra sacrifier
sa vie...
Critique :
Se déroulait dans un livre une intrigue de cours
pernicieuse et captivante. C’est ainsi que commence cette dithyrambique
critique, suite à une profonde immersion dans le monde de Tolkien. Mais ne vous
fourvoyez pas, je ne ferais pas d’analogie hâtive. La seule dont je me
permettrais est de dire que Loïs McMaster Bujold est une personne emprunte d’optimisme
malgré sa mise en scène assez sombre. Les meilleures histoires mettent toujours
en avant l’ombre afin de révéler une éclatante lumière.
Si la corruption est totalement absente chez notre
héros, à la fois modeste et courageux, ce n’est absolument pas le cas du reste
de la cours où la faction du chancelier et son frère mène la barque en
coulisse, tirant les ficelles derrière une famille royale affaiblie par une
malédiction.
Nous sommes donc plus dans l’ère du temps qui nous occupe
avec une fantasy tendant vers un réalisme médiéval à la Georges Martin ou Robin
Hobb. Sauf que notre auteure s’en tire extrêmement bien, avec un brio
splendide. Le Fléau de Chalion est très poussé dans le détail d’un point
de vue historique, c’est très appréciable pour un connaisseur soucieux du
détail justement (sans crier à l’horreur à la moindre erreur historique). Non
pas qu’il s’inscrive dans une histoire réelle, mais il en reprend des éléments
dans une cohérence extrêmement bien gérée.
Le réalisme n’est pas uniquement poussé par ces
petits détails qui font la différence. Il n’y a pas d’héroïsation des principaux
protagonistes, ni de dramaturgie excessive dans le sens où ces acteurs de hauts
rangs nous apparaissent proches lorsqu’ils sont observés d’un point de vue
privé et plus éloignés lorsque c’est en public.
Dernier point de réalisme, bien que ce soit un
concept très personnel, je peux le concevoir, il n’y a pas de magie en Chalion. Ou plutôt,
si, mais pas tel qu’on le voit habituellement. Il s’agit en fait de théologie
rendue beaucoup plus concrète, avec des saints aux vertus divines prouvées, qui
se reconnaissent entre eux à la lumière plus ou moins scintillante qui les
entoure.
Pour résumer, Le Fléau de Chalion, c’est une
toile politique et théologique dans un one-shot extraordinaire de densité
scénaristique dans sa brièveté relative, chose extrêmement rare sur le marché
actuel de la fantasy privilégiant les cycles. Ne vous attendez pas à d’immenses
batailles, mais je conseille urgemment ce travail d’orfèvre à tous ceux qui
aiment les intrigues de cours réalistes, tortueuses à souhait et bien ficelées.
Note :
9/10
Un panthéon théologique
intéressant, une cours corrompue, une famille royale maudite. Un
incontournable. A dévorer.
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