Titre : Morwenna
Auteur : Jo Walton
Editeur : Denoël
Biographie auteur :
Synopsis :
Auteur : Jo Walton
Editeur : Denoël
Date présente édition : avril 2014
Couverture :
Couverture :
Illustrateurs : Helen Rushbrook
Pages : 334
pages
Prix : 21,50
euros
Biographie auteur :
Née au pays de
Galles, Jo Walton vit depuis 2002 au Canada avec son mari et son fils. Elle est
l’auteure d’une dizaine de romans remarqués. Bien que son roman Tooth and Claw, inédit en français, ait
reçu le World Fantasy Award en 2004, il lui a fallu attendra la parution de
Morwenna pour rencontrer le succès qu’elle mérite.
Synopsis :
Morwenna Phelps, qui
préfère qu’on l’appelle Mori, est placée par son père dans l’école privée
d’Arlinghurst, où elle se remet du terrible accident qui l’a laissée handicapée
et l’a privée à jamais de sa sœur jumelle, Morganna. Là, Mori pourrait dépérir,
mais elle découvre le pouvoir des livres de science-fiction. Delany, Zelazny,
Le Guin et Silverberg peuplent ses journées, la passionnent.
Un jour, elle reçoit
par la poste une photo qui la bouleverse, où sa silhouette a été brûlée. Que
peut faire une adolescente de seize ans quand son pire ennemi, potentiellement
mortel, est une sorcière, sa propre mère qui plus est ? Elle peut chercher
dans les livres le courage de combattre.
Ode à la différence,
journal intime d’une adolescente qui parle aux fées, Morwenna est aussi une plongée inquiétante dans le folklore
gallois. Ce roman touchant et bouleversant a été récompensé par les deux plus
grands prix littéraires de la science-fiction : me prix Hugo et le prix
Nebula. Il a en outre reçu le British Fantasy Award.
Critique :
Indéniablement, Morwenna est un livre
différent. Un livre parlant de livres. Qui plus est de science-fiction (en
général). En apprenant cela, les doutes sont légitimes. Mais en même temps, qui
est mieux placé qu’un lecteur (de SF) pour comprendre l’amour des livres (de
SF) ? Alors on positive, on admire un temps la très belle couverture de
Denoël (et Helen Rushbrook), on se rassure en regardant les prix reçus par le
bouquin, et on se lance.
Et… l’immersion n’a pas été immédiate pour ma part.
Un peu désorienté, à la recherche de repères. Car avant d’être un livre
appartenant à la grande famille de l’Imaginaire, il s’agit plutôt d’une tranche
de vie. Or, j’aime beaucoup les tranches de vie, mais plutôt sur d’autres
supports, comme le cinéma et la BD qui, avec ce côté visuel, me transmettent en
général plus d’émotions (sans que ce soit négatif, ni une généralité, j’ai
seulement plus tendance à réfléchir sur une lecture qu’à m’émouvoir). Sur un
support purement littéraire, j’ai généralement trop l’impression d’un décalage
entre le texte que je lis et moi-même, chose que l’image permet de combler au
moins partiellement la plupart du temps, si la qualité du jeu d’acteur ou du
dessin est là (à mon avis). Durant un temps, j’ai eu ce sentiment
d’incompatibilité de pathos entre moi et Morwenna. D’autant plus avec la
forme du journal intime qui m’a mis devant un fait difficile à surmonter :
mon empathie au monde et celle de la jeune galloise étaient radicalement
différentes.
Mais voilà, Morwenna est un livre qui sort de la
norme, et qui pourrait être qualifié de hors-norme, je pense. Comme lorsqu’on
rencontre une nouvelle personne, le lien se crée par tâtonnements. Au fil des
pages, on commence à connaitre cette jeune fille rescapée. On intègre ses
schémas mentaux, aidé au final par la forme du journal intime merveilleusement
bien menée, tout en retenue. Après tout, on est derrière le masque de cette
fille qui cherche à se protéger des autres du fait de cette différence aux
multiples facettes. En plus de cela, le style de Jo Walton apporte beaucoup à
la forme. Je parlais de retenue. Morwenna ne s’épanche pas sur sa vie avec un
style larmoyant. Pour schématiser ma pensée, on pourrait dire que Jo Walton a
opté pour un texte qualitatif sur toute la longueur avec un petit démarrage
diesel plutôt qu’un texte efficace dès le début (par le registre de la pitié par
exemple) avant de dégonfler sur la durée. Bref, Morwenna ne s’apitoie pas sur
elle-même, et nous ne le faisons pas non plus. On suit son regard et ses
pensées, puis on interprète.
C’est là où
Jo Walton est très forte. Elle ne nous force pas à éprouver de l’empathie par
un procédé direct, mais elle nous y incite par des chemins détournés, par cette
vision différente du monde, celle d’une jeune fille de quinze ans qui se
construit sur un traumatisme, et cela par le biais des livres de SF (pour le
côté tranche de vie) et des fées qu’elle voit et la magie (pour l’aspect
fantastique du livre). C’est par l’une de ces scènes fantastique que je suis
entré de plain-pied dans cette aventure humaine (première rencontre avec
Glorfindel, scène éblouissante pour moi). Car il y a des scènes saisissantes,
comme il y a aussi au détour de chaque page de petites phrases pleines de
finesse qui font toute la subtilité de ce livre. J’ai été happé par la
sensibilité de ce livre.
J’en
reviens, pour finir, à ma crainte du « livre qui parle des livres »,
avec cette peur d’un aspect fastidieux de l’énumération. Au final, pas du tout.
Ou plutôt, j’ai trouvé cette redondance à en être un peu blasé, mais pas là où
je le pensais. C’est l’énumération généalogique du début du livre qui a
sûrement participé au fait de ne pas accrocher directement à l’histoire. Tante
machin, tante par-ci, etc. Mais le préjudice est faible, en comparaison de la
qualité du texte. En ce qui concerne les livres, oui, il y a ce côté égrainage,
mais pas de façon fastidieuse car d’une part, il y a de l’enthousiasme souvent
qui accompagne chaque titre donné, mais en plus, il y a des réflexions de
lecture dessus. Rien n’est stérile dans Morwenna, dans la forme comme
dans le fond.
Appréciation : Un livre
sans tabou, touchant, « ode à la différence » pour reprendre la
quatrième de couverture. Une lecture très rafraichissante, et surtout
fantastique, dans tous les sens du terme. Pas d'appréhension à avoir, foncez !
Le
jeu des comparaisons : Néant, incomparable.
En tout cas, tu me donnes envie de le lire :) je suis plutôt bon public de livres "tranche de vie" (mais de manière occasionnelle).
RépondreSupprimerÇa devrait te plaire alors :)
SupprimerMoi je ne me pose même pas la question, les livres qui parlent de livres ça me plait naturellement, alors si en plus c'est des livres de SF ^^
RépondreSupprimerMoi, ça me fait peur ^^
SupprimerEn plus, c'est une déclaration d'amour aux bibliothécaires, tu devrais aimer... ;)
SupprimerLes livres qui parlent de livres, c'est le bien.
RépondreSupprimerJe crois que "hors norme" est en effet le bon terme pour définir Morwenna. C'est une perle rare :)
RépondreSupprimerMoi aussi j'ai cherché des repères, mais sans doute est-ce une des raisons pour lesquelles j'ai accroché au récit, en plus de la personnalité de Morwenna. Huhu, moi aussi j'avais peur de l'aspect guide de lecture avec les références aux livres SF, mais je ne l'ai pas ressenti. C'est vrai que la partie généalogie pourrait faire rebrousser quelques lecteurs.
RépondreSupprimerTrès bon choix cette chanson :)