lundi 20 janvier 2014

Mangas à dévorer #4 Spécial nucléaire

Konichiwa chers lecteurs !
          Aujourd'hui, la thématique de cette petite speed critique manga est le nucléaire, avec des œuvres plus ou moins emblématiques, et plus ou moins récentes. Il est intéressant de noter que les catastrophes nucléaires, que ce soit Hiroshima ou Fukushima, sont toujours diluées dans une symbolique végétale, les cerisiers pour l'aspect mélancolique, ou le blé dans Gen d'Hiroshima, pour souligner la vivacité de l'homme. Envie d'oublier ou envie de surmonter ?

Les cerisiers fleurissent malgré tout, de Keiko Ichiguchi
Note : 5/10
Le titre le plus récent, sous forme de one-shot, qui traite de maladie et de Fukushima. On suit une japonaise expatriée en Italie dont l'enfance a été un combat contre une maladie difficile à guérir. Par ce prisme des flashbacks, on va pouvoir se faire une idée de ce qui l'a guidé dans la vie, ce qui l'a soutenu ou perturbé, comment elle a surmonté cette épreuve où la peur de la mort est omniprésente. Elle acquiert de ce passé une forte empathie pour les autres, mise en exergue par le tsunami et la catastrophe de Fukushima dans cette histoire à la coloration doucereuse. Hélas, je n'ai pas réussi à ressentir l'empathie de notre héroïne, du fait d'un discours trop "fleur bleue", assez pathétique, ou au moins trop classique. Ce qui manque aussi, c'est un discours global plus profond d'après l'événement Fukushima. L'auteure en fait trop sur le cas particulier d'Itsuko, alors que cette figure semble être voulu en partie comme un cas représentatif de l'affolement qui s'ensuivit chez les expatriés japonais après la catastrophe. En plus de cela, on note un dessin particulièrement vide. Beaucoup de visages laissés pour compte, tout simplement blancs, tout comme les décors. Ça se lit sans trop forcer, mais je ne conseille pas cette histoire pas vraiment creuse, mais qui souffre d'incomplétude aiguë.

Le Pays des cerisiers, de Fumiyo Kouno

Note : 8/10
1955. Hiroshima. La bombe atomique a frappé depuis déjà dix ans. Comment laisser derrière soi cette terrible plaie ? C'est ce dont traite ce recueil de trois nouvelles avec une sensibilité déconcertante. Le contraste entre le dessin, charmant et charmeur, et la douleur, la noirceur présente en toile de fond de l'histoire offre une vision originale du moment le plus dramatique de l'histoire mondiale. Je serais plus court sur cette œuvre, mais je préfère rester suffisamment énigmatique pour vous inciter à lire cette petite merveille de manga. Si vous avez apprécié quelque chose comme Le Tombeau des lucioles, il s'agit probablement d'une lecture pour vous.

Gen d'Hiroshima, de Keiji Nakazawa
Note : 8,5/10
Le titre annonce la couleur. Le titre original, Gen aux pieds nus, est peut-être encore plus révélateur. La série est en cours de réédition aux éditions Vertige Graphic, avec une préface du grand Art Spigelmann (Prix Pulitzer pour Maus). Le dessin est rétro, voire laid. Mais la guerre est laide, provoque le pire fanatisme chez les hommes en plus d'une régression intolérable de la société. Au plus dur de la guerre, on suit Gen, jeune enfant de six ans, entouré de sa fratrie et de parents pacifistes, désigné traître à la nation. La vie devient encore plus difficile avec cette étiquette, les privations, les brimades, un père emprisonné, etc. Il faut grandir vite au sein de cette misère pour le jeune Gen. D'autant plus qu'aux malheurs quotidiens s'ajoute l'horreur inimaginable du 3 août 1945. Autobigraphique à auteur de 80% selon l'auteur, Nakazawa livre un récit terrifiant sur la société japonaise à la fin de la guerre, où chaque lueur d'espoir s’éteint une à une malgré toute la force de caractère des personnages. Une œuvre extrêmement riche dont on ne décroche pas. La suite est achetée, elle va bientôt être dévorée...

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