vendredi 29 mars 2013

Gagner la Guerre, de Jean-Philippe Jaworski

Titre : Gagner la guerre
Auteur : Jean-Philippe Jaworski
Editeur : Les moutons électriques
Couverture :
Illustrateur : Arnaud Cremet
Prix : 28 euros (existe en poche à 12,50 euros)
Pages : 684 pages

Biographie auteur :

Jean-Philippe Jaworski est un écrivain français né en 1969. Après des études de lettres, il est actuellement professeur de lettres modernes à Nancy. Il découvre le jeu de rôles en 1983, et devient l'auteur de deux jeux de rôles amateurs, Tiers âge et Te deum pour un massacre, dont le second aboutit à une édition professionnelle en 2005. Il a publié en 2007 un premier recueil de nouvelles de fantasy salué par la critique, Janua Vera, chez Les moutons électriques et réédité depuis en poche, puis un premier roman, Gagner la guerre, qui remporte le prix du roman francophone aux Imaginales en 2009. Ces deux livres se déroulent dans le Vieux Royaume, un univers de fantasy où la magie est assez peu présente, quoique puissante, et qui puise largement son inspiration dans le roman de cape et d'épée et le roman historique.

Synopsis :

« Je n’ai jamais aimé la mer. Croyez-moi, les paltoquets qui se gargarisent sur la beauté des flots, ils n’ont jamais posé le pied sur une galère. La mer, ça secoue comme une rosse mal débourrée, ça crache et ça gifle comme une catin acariâtre, ça se soulève et ça retombe comme un tombereau sur une ornière ; et c’est plus gras, c’est plus trouble et plus limoneux que le pot d’aisance de feu ma grand-maman. Beauté des horizons changeants et souffle du grand large ? Foutaises ! La mer, c’est votre cuite la plus calamiteuse, en pire et sans l’ivresse. Je n’ai jamais aimé la mer, et ce n’était pas près de s’arranger. »
Don Benvenuto est un maître assassin désormais au service de son excellence le Podestat Leonide Ducatore, dirigeant suprême de la République de Ciudalia. Embarqué sur une galère de la flotte de guerre de son patron et suite à la défaite de l’adversaire Ressinien, Gesufal entreprend le retour vers la République pour apporter la nouvelle de la victoire accompagné du patrice Bucefale Mastiggia. Bientôt, entre les hauts-de-cœurs causés par son mal de mer, l’assassin se rend compte que leur galère est poursuivie par trois autres navires de guerre. Décidément, La guerre semble loin d’être gagnée surtout lorsque l’on sait qu’après les règlements de comptes entre royaumes viennent les règlements de comptes internes. C’est là qu’intervient notre « Gentilhomme »…

Critique :

Je crois bien que ce livre est mon coup de cœur de l'année. On me l'a fait découvrir et au premier abord, la couverture ne me plaisait pas. Et puis j'ai commencé à lire ce bouquin. Dès la première page on est absorbé par l'écriture particulièrement frappante, crue. Et il est vrai qu'arrêter la lecture après une entrée en matière aussi originale et particulière, c'est plutôt difficile. J'ai dévoré ce bouquin car j'adore le style de l'auteur et la richesse de l'intrigue. C'est le genre de tome qu'on commence sans pouvoir discerner la fin, ce qui n'est fait qu'amplifier notre imagination et notre désir.

J'ai réellement était aspiré par ce livre et je ne regrette pas, surtout pas, de l'avoir commencé et fini. On s'accroche également très vite au personnage de Benvenuto et le jeu de mots fait rapidement sourire puisque l'on comprend pourquoi il porte un tel prénom. L'humour est au rendez-vous chez cet auteur. Je vous laisse le lire pour en découvrir plus !

Note : 10/10
La société dans laquelle plonge Benvenuto, et le lecteur avec lui, est tout simplement merveilleuse ! Des descriptions à vous en couper le souffle, des manigances politiques machiavéliques à n'en plus finir et une demoiselle bien charmante !

Signé : Eäron Valil

Seconde critique :

                Je profite de l’avis d’Eäron pour vous reparler de ce monument de la fantasy française que j’avais brièvement abordé dans un Spécial Immanquables. Ma lecture remonte bien déjà à trois ans, mais un souvenir impérissable m’en reste encore, de même que le recueil de nouvelles Janua Vera dans le même monde et qui est pour moi le meilleur recueil qui ne s’est jamais offert à mes yeux. Je n’ai plus qu’une attente, une nouvelle dose de Jaworski qui devrait arriver d’ici l’automne (j’ai bien lu une nouvelle supplémentaire dans le catalogue des Moutons, mais juste de quoi survivre).

                Si je devais faire une comparaison, très probablement abusive pour certains, je rapprocherais Gagner la Guerre du Trône de Fer. Pourquoi ? D’une part, du fait de la densité de l’histoire et de l’écriture. Oui, ce sont des gros pavés qui requièrent un sacré temps de lecture. Mais les deux sont d’immenses fresques, et les deux traitent de jeux de pouvoirs particulièrement machiavéliques, où les personnages de l’histoire en prennent plein la tronche. Autre point de convergence, c’est le fond fantasy historique teinté de très peu de magie. C’est la fantasy en vogue actuellement et sûrement celle que j’aime le plus d’ailleurs. Dans le cas de Gagner la Guerre, c’est légèrement paradoxal puisque Jaworski pêche bien plus dans l’histoire pour établir sa toile de fond gigantesque, et en même temps, c’est celui des deux qui s’accapare le plus quelques figures classiques de la fantasy, comme les elfes par exemple, bien qu’on ne les voit que très peu.

                Mais je ne voudrais absolument pas limiter ce chef-d’œuvre à cette comparaison, certes très flatteuse, mais erronée, notamment au niveau du style d’écriture à cause du filtre de la traduction. L’écriture de Jaworski est incroyablement riche et maitrisée, à un tel point que parfois, il se permet quelques longueurs, peut-être le seul reproche que je me permettrais, et encore, les longueurs collent avec cette volonté de faire quelque chose de monumental. Autre grande particularité, et malgré le fait de personnages foisonnant à tous les coins de rue, on ne suit que le héros d’un point de vue narratif avec une écriture à la première personne du singulier.

                Et c’est là que se parachève le héros, ou plutôt notre anti-héros Don Benvenuto. Car si l’on n’avait qu’une histoire avec une excellente mise en forme et un cadre vertigineux, ça ne me serait pas suffisant pour apprécier l’histoire. Don Benvenuto apporte la magie de ce spadassin qui se reconvertit en conseiller particulier, homme à tout faire en tout cas, du personnage le plus puissant de Ciudalia. Il va lui arriver tellement de crasses inimaginables, faire des choix tellement cons alors qu’il est tellement malin parfois. Je pense personnellement que c’est un des personnages majeures de la fantasy à l’heure actuelle, apportant sa personnalité extrêmement développé par l’auteur, sa gouaille, ses emmerdes, ses dépressions, ses talents très particuliers, etc.

Note : 9,5/10
Le chef-d’œuvre de la fantasy française actuellement, bien qu’un peu plus fermé au grand public dans son style à mon avis. Une fresque monumentale bourrée d’aventures et de rebondissements machiavéliques. A dévorer absolument !

Signé : Kissifrott

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11 commentaires:

  1. Je suis entrain de le lire en ce moment même, et je me régale !

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  2. Quand on dit que c'est le must :D

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  3. Après avoir découvert Janua Vera récemment, que j'ai adoré, je me suis rué sur Gagner la Guerre.
    Ces deux livres sont géniaux !

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  4. Je l'avais déjà pris en note quand tu avais fait le "Spécial Immanquables", mais c'est vrai que je ne l'ai toujours pas lu... Et pourtant il est très attirant.
    Allez, en Avril il y passe !

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  5. C'est rare comme cas de figure, mais je ne crois pas avoir déjà croisé quelqu'un qui n'ai pas aimé ce roman (ou Janua Vera) en fait. C'est presque inquiétant en fait, autant de lauriers ^^.

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  6. Hum, j'ai ouï-dire que certains n'arrivent pas à l'achever. Mais c'est vrai que pour ceux qui le finissent, je n'en ai pas entendu beaucoup se plaindre :)

    Go go go baroona, le chrono est lancé de mon côté ^^

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  7. Ahhhh, Benvenuto. Je t'aime Benvenuto.

    Vraiment un très très très très chouette bouquin. Il fait aussi partie de mes coups de coeur de cette année !

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  8. Parfois on enfile tellement de romans à deux sous plébiscités par le marketing, que l'on se dit qu'on pourrait aisément devenir écrivain et pondre soi même sa petite œuvre. Puis on tombe sur ce genre de livre et l'humilité nous reprend.

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  9. Bonsoir,
    J’ai découvert ce livre et j’ai adoré.
    Vous qui semblez connaître la fantasy, que me conseillez vous de lire après Jaworski ?

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    1. Bonsoir !
      Il y a plein de choses à lire en fantasy, assurément, mais sans connaître vos goûts autre que Gagner la Guerre en fantasy, c'est risqué de donner des titres. Mais bon, je vais me risquer à une poignée de titres qui, je pense, saurais vous convaincre, en extrapolant de Jean-Philippe Jaworski. La liste fera donc la part belle aux auteurs qui, pour moi, sortent du lot au niveau de l'écriture, pas seulement au niveau de l'histoire (ce qui reste très important dans les titres que je vais citer).

      1. La dernière pépite en fantasy made in France a pour moi été écrite par Patrick Dewdney, avec L'Enfant de poussière. Un récit initiatique qui peut sembler lent à certains, d'autant que prévu en 7 tomes (le second arrive), mais extrêmement riche et bien écrit.

      2. Le livre des martyrs, de Steven Erikson. Encore une longue série, en 10 tomes en V.O. Et pas des petit tomes. Mais c'est une œuvre monumentale, peut-être comme on en a pas vu depuis Tolkien
      en termes d'ambitions. Idem, le tome 2 arrive. Le tome 1 est réputé comme étant le moins bon (ce qui est très relatif quand on constate la qualité de ce tome).

      3. Pour donner dans le contre-pied un peu, histoire de ne pas citer que des cycles mastics, mon coup de cœur de l'an dernier, c'est Kalpa Impérial d'Angélica Gorodicher. Une pépite de fantasy Argentine, une fable contemporaine écrite de manière très atypique. Une merveille !

      4. Bon, les deux prochains titres sont estampillés Critic, maison d'édition pour laquelle je travaille, pour qu'il n'y ait pas de malentendu. Mais je suis obligé de mettre un peu en avant notre catalogue, parce que je suis persuadé que nos auteurs en ont à revendre ! Dans un premier lieu, je pense à Les Seigneurs de Bohen, une fantasy rafraîchissante par son ton et son contenu. Estelle Faye, l'auteure, est, à mon avis, d'ores et déjà une des références de l'Imaginaire en France. C'est un one-shot très dense.

      5. Un dernier pour la route avec cette fois-ci une fantasy hommage à la sword and sorcery de Fritz Leiber. Il s'agit de Des Sorciers et des Hommes, de Thomas Geha Un roman plus court, à l'humour mordant. Moins ambitieux que d'autres sur l'ampleur de l'univers, mais pas moins bon.

      J'espère que vous trouverez votre bonheur parmi ces titres (ou d'autres !), et n'hésitez pas à m'en redire des nouvelles :)

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