mercredi 1 février 2017

Sénéchal, de Grégory Da Rosa

Titre : Sénéchal
Auteur : Grégory Da Rosa
Éditeur : Mnémos
Parution : février 2017
Illustration : Lin Hsiang
320 pages
19,50 euros

Synopsis :
« Sénéchal, la ville est assiégée ! »

Telle est la phrase que l’on m’a jetée sur le coin de la goule. Depuis, tout part à vau-l’eau. Oui, tout, alors que ce siège pourrait se dérouler selon les lois de la guerre, selon la noblesse de nos rangs, selon la piété de nos âmes. Nenni.

Lysimaque, la Ville aux Fleurs, fière capitale du royaume de Méronne, est encerclée et menacée par une mystérieuse armée. Et pour le sénéchal Philippe Gardeval, ce n’est que le début des ennuis. Suite à l’empoisonnement d’un dignitaire de la cité, il découvre que l’ennemi est déjà infiltré au sein de la cour, dans leurs propres rangs ! Sous quels traits se cache le félon ? Parmi les puissants, les ambitieux et les adversaires politiques ne manquent pas ; le sénéchal devra alors faire preuve d’ingéniosité pour défendre la ville et sa vie dans ce contexte étouffant d’intrigues de palais.

Critique :

Il y a, parfois, des certitudes. Aujourd’hui, j’en ai une : 2017 sera une année qui verra défiler quelques bijoux de fantasy ! En juin, un petit bout d’une certaine chasse royale nous parviendra ; en mars, je frissonne du coup de tonnerre qui arrive ; et encore plus tôt dans le temps, en février – maintenant – un petit nouveau dans le paysage de l’édition. Ce petit nouveau qui nous occupe, m’enfin, qui m’occupe mais qui va bientôt vous occuper parce qu’il m’occupe et que je le porte et le porterais encore et encore de manière insistante à votre attention – vous pouvez reprendre votre respiration – c’est Sénéchal, de Grégory Da Rosa.

               Autant vous le dire, ce premier roman de l’auteur m’a véritablement emballé. Je n’avais plus connu cet emballement pour un nouvel auteur en fantasy depuis Porcelaine d’Estelle Faye, de mémoire en 2013, c’est-à-dire presque une éternité. Bien évidemment, il y a eu entre temps de bonnes surprises, pour passer de bons moments. Je pense par exemple au Bâtard de Kosigan de Fabien Cerutti, et d’autres encore. Mais point d’énumération ici. Ce qui distingue des autres Sénéchal et Porcelaine en premier lieu, c’est le style. Attention, je ne jure pas sur un sacro-saint style, il est tout à fait réalisable d’avoir du style et malgré tout de pondre quelque chose de mauvais, ou tout du moins d’accoucher d’un texte qui ne plaira pas, en termes plus pondérés. Nous sommes avec Sénéchal dans un cas manifeste d’un écrivain qui a toutes les qualités pour s’affirmer parmi les têtes connues de l’Imaginaire en France, grâce notamment à une plume affirmée, élégante et étonnamment – ou pas – fluide compte tenu de son caractère médiévalisant.

J’en oublie néanmoins d’ajouter que le style n’est pas qu’un étendard, bien loin s’en faut. Le style sert le récit. Le style permet une immersion. Le style est un outil, et Grégory Da Rosa en use à merveille. J’ose à peine insérer un petit reproche quant au nombre de notes de bas de page, qu’il eut peut-être fallu restreindre, ou bien renvoyer vers un glossaire. Il n’empêche, nous voilà plongé dans un univers tel que peut le faire un Jean-Philippe Jaworski, toute proportion gardée.

Seulement, il n’est pas uniquement question de style. Je m’enflamme beaucoup sur la chose dans le cas présent, pourtant, l’auteur parvient par là même à nous entraîner dans un univers a priori simple mais intéressant. On sent/imagine un arrière-plan fourni, en plus d’agencer une intrigue au suspense bien maîtrisé. Sénéchal nous expose en effet le siège d’une ville, – pas n’importe laquelle ! – Lysimaque, capitale du royaume de Méronne. Dans ce huis-clôt, le sénéchal Philippe Gardeval, défenseur de la cité et proche du roi, va se trouver au centre d’un joli pataquès délicieusement monté en sauce. Clairement, j’attends la suite pour en savoir plus !

Je voudrais encore dire tant de choses. Le personnage du sénéchal des plus attachants. Des anges bien badass. Des rebondissements qui vous surprendrons. Des rancœurs politiques jubilatoires. Je vous épargne la suite, je risquerais – encore – avec mon sens de la circonvolution, de la digression, de m’éterniser dans les compliments. Tout porterait à croire que Grégory Da Rosa nous offre un texte parfait. Il n’en est rien, et j’espère qu’il n’existera jamais de livre parfait. Pour autant, j’ai eu le sentiment à ma lecture de lire un parfait premier roman, dans le sens que le lecteur que je suis se trouve surpris et captivé, de manière la plus agréable possible.


Ainsi sera alors ma conclusion : attiré par le parfum suave de la surprise, me voilà qui fut happé dans une belle aventure, retorse à souhait sans pour autant manquer de sentiments humains. Sous le verni d’une belle écriture, un personnage retient notre attention, mais aussi une intrigue, orchestrée avec une maîtrise peu commune, d’autant plus pour une première expérience. Le temps est passé trop vite durant ma lecture de Sénéchal, vivement la suite !