dimanche 17 novembre 2013

Le Dévoreur au ciné #6 Des films à voir

Hellow !
          Cette première moitié de novembre a été assez prolifique en séances cinéma, mes rares moments de relâchement en ce moment. Et franchement, il y a de très bonnes choses à l'écran en ce moment.

Gravity, de Alfonso Cuaron
Avec Sandra Bullock et Georges Clooney.

Après Prisoners de Villeneuve, difficile de lutter, surtout niveau scénario. D'autant plus qu'au final, Gravity n'est pas un film qui laisse la part belle à ce même monsieur scénario. Néanmoins, je m'en suis contenté, ou plutôt, j'en ai fait abstraction. Pourquoi ne pas profiter du très bon jeu d'acteur de Sandra Bullock ou encore de la beauté de l'espace ? Avec du recul, on se rend bien compte que le film peut laisser un petit goût amer. Qu'il aille plus loin dans le traitement de l'élément perturbateur (deux astronautes qui se retrouvent à la dérive), qu'il se sorte de ce carcan hollywoodien, etc. Mais bon, ce serait trahir mon ressenti à chaud, très positif. C'est beau, c'est bien filmé, c'est bien joué, il suffit d'apprécier.

Snowpiercer, le Transperceneige, de Bong Joon Ho
Avec Chris Evans, Song Kan-Ho, Jamie Bell, Ed Harris, etc.

Avec Le Transperceneige, on touche à une vraie perle d'adaptation SF au cinéma. D'ailleurs, l'anecdote de son adaptation par le sud-coréen Bong Joon Ho est vraiment cocasse (connaissance de la BD via une traduction pirate). Je ne suis pas un grand fan de certains personnages qui vont dans la caricature et donc immanquablement entraine certains acteurs à surjouer. Mais au contraire de Gravity, on est face à tout le contraire d'une production hollywoodienne. Un film "lutte des classes" qui n'épargne personne, à l'univers très riche jouant bien sur la suggestion et une histoire vraiment excellente, et la morale hollywoodienne absente. Le tout avec un petit côté esthétique "à la 300" vraiment sympa. Au final, on a un film qui a tout pour s'imposer parmi les excellents films de SF. Allez le voir, outrepassez cette bande-annonce qui a failli ne pas aller me faire voir ce petit bijou.

Blood Ties, de Guillaume Canet
Avec Clive Owen, Billy Crudup, Marion Cotillard, Mila Kunis, etc.

Pas de surprise cette fois-ci. Je pressentais l'excellent film grâce à la bande-annonce. Attention, c'est un film au rythme très lent, un peu comme ce que peut nous servir le réalisateur danois Nicolas Winding Refn (Drive, Only God Forgives, etc). Ce n'est pas du thriller, mais un bon film noir remake semble-t-il du film Les Liens du Sang (que je n'ai pas vu). Tout d'abord, casting excellent. Clive Owen vraiment au top. Un scénario bien foutu. Une histoire certes de truands, mais avant tout une histoire de famille, et ça sonne très vrai. Guillaume Canet s'affirme comme un bon réalisateur aussi, avec quelques plans très bien réussis. Et enfin, j'ai bien ris. Étrange me direz-vous, il ne s'agit vraiment pas d'un film à la fibre humoristique. Mais certaines situations sont vraiment cocasses, et surtout, le film joue très bien sur certains stéréotypes qu'il faut savoir parfois apprécier. A voir pour les amateurs du genre.

mardi 5 novembre 2013

Sous l'ombre des étoiles, de Thomas Geha

Titre : Sous l’ombre des étoiles
Auteur : Thomas Geha
Editeur : Rivière Blanche

Date de publication : décembre 2013 (à venir)
Couverture :
Illustrateur : Juan
Pages : 212 pages
Prix : 17,00 euros

Biographie auteur :

                Thomas Geha collectionne les casquettes. Auteur reconnu par la critique, notamment par son dernier recueil de nouvelles Les Créateurs aux éditions Critic, il fait aussi son come-back en 2012 en tant que libraire chez cette même librairie Critic à Rennes. A côté de cela, il a monté sa propre structure éditoriale avec les éditions Ad Astra.
                Avec  Sous l’ombre des étoiles, Thomas Geha poursuit l’exploration de son univers entraperçu dans La Guerre des Chiffonneurs.

Synopsis :

La guerre entre Salamandres et Humains a pris fin.
À la suite d’une dernière bataille épique, Kee Carson, tireur d'élite à bord du Templier, s’échoue sur une planète insignifiante, Seinbeck.
Resté deux siècles en hibernation, il s'y éveille et apprend qu’Humains et Salamandres, descendants des naufragés, ont fini par s'allier en tribus nomades pour faire face à une menace mutuelle : les indigènes de ce monde.
Dans le clan qui l'adopte, Carson fait la connaissance de Sirval, un salamandre qu'il déteste aussitôt. Difficile pour lui d'oublier ses années de guerre, celles qui l'ont séparé de sa famille et de Valtor, sa planète natale. Mais bientôt, contaminé par Mari-Ou, guide de la Tribu de l'Espace, et Poing de Verre, un géant rouquin devenu son meilleur ami, il commence à changer...
Kee le sait parfaitement, aucun retour en arrière n’est possible : il devra s’adapter à son nouveau monde, sous l’ombre des étoiles…

Critique :

                Ayez souvenance d’une ancienne chronique qui répondait au doux nom de La Guerre des Chiffonneurs. Un bon petit livre que j’avais apprécié pour son côté très fun, qui ne prend pas la tête et défouraille de tous les côtés, avec sa petite touche d’humour. Mais il manquait un petit je-ne-sais-quoi pour m’emballer complètement.

                Et bien cette fois, c’est bon. Thomas Geha nous offre  une aventure humaine pas comme les autres. L’univers est le même, mais ce n’est vraiment pas le même coin d’univers justement. Et l’ambiance est différente. Loin du côté purement divertissant des Chiffonneurs ou de ce que pourrait annoncer le synopsis avec un tireur d’élite qui débarque dans la mouise, le récit se présente sous le sceau de la réconciliation des races. Et autant vous dire que ce n’est pas gagné…

                Il y a vraiment quelque chose qui opère dans ce planet opera. Ça passe par une écriture finement ciselée, vraiment très élégante, avec un vocabulaire riche, mais pas que ! Les personnages sont attachants, qu’ils soient humain, salamandre ou seinbeck (alors que lorsqu’on en visualise certains, on n’a pas vraiment envie de les aimer).

Mais surtout, c’est la découverte de la planète des seinbecks par le regard de notre héros Kee Carson qui a fait en sorte que je ne lâche pas le livre. Et ces derniers temps, c’est assez rare que je lise un livre d’une seule traite pour être souligné. Se dévoile à notre regard un monde foisonnant, avec ses originalités dans la faune ou la flore par exemple. Néanmoins, ce sont les modes de vie qui ont le plus aimantés mon regard, que ce soit indigènes ou exogènes puisqu’humains et salamandres, s’ils ne peuvent repartir parmi les étoiles, ne sont pas issus de ce monde. C’est ce regard extérieur qui nous permet de découvrir cet environnement si particulier. Thomas Geha a de l’imagination à revendre, n’en doutez point.

Bien sûr, l’étranger, même à travers des siècles d’existence, ne parvient pas à se faire accepter des seinbecks indigènes, ce qui va déboucher sur cette aventure de Kee Carson, le premier naufragé galactique depuis bien longtemps et qui vient bouleverser les petites habitudes. Lui ne veut que se fondre dans la masse, recommencer une nouvelle vie loin de la guerre. Ses congénères le veulent bien, l’intégrant dans leur communauté, non sans quelques difficultés malgré tout. D’autres ne sont pas de cet avis, et vont l’instrumentaliser dans tous les sens du terme.

Bref, un excellentissime planet opera. Je suis plus mesuré au niveau de ma notation. Peut-être aurais-je voulu un roman plus épais (quand c’est bon, on en redemande). Peut-être peut-on reprocher une intrigue un peu prévisible à certains endroits. Mais bon, ça aussi, tant que l’on apprécie la lecture, est-ce si important ? Cette ambiance, où se mêle doutes et espoirs, beauté et laideur, ou encore haine et réconciliation, l’alchimie d’un très bon roman est là.

Note : 8,5/10
Un petit roman par la taille, un grand roman pour amateurs de SF. A dévorer.

No Cars Go by Arcade Fire on Grooveshark

samedi 2 novembre 2013

Opus, de Satoshi Kon

Hello !

Deux articles en préparation, mais pour vous faire patienter, je vous redirige vers une petite critique que j'avais totalement zappée. A vous les studios !

Lien : Opus, tome 1, de Satoshi Kon

Note : 7,5/10 Une bonne surprise des éditions IMHO qui font du bon travail. Affaire à suivre.

mardi 29 octobre 2013

La Voie de la Colère, de Antoine Rouaud

Titre : La Voie de la Colère
Série : Le Livre et l’Epée
Auteur : Antoine Rouaud
Editeur : Bragelonne
Date de publication : octobre 2013
Couverture :

Nombre de tomes sorti : 1 sur 3
Illustrateur : Larry Rostant
Pages : 480 pages
Prix : 25,00 euros

Biographie auteur :

Antoine Rouaud est né en 1979. Il a passé son enfance à écrire des histoires, imaginer des scénarios et composer des chansons, avant de rejoindre le monde de la radio. Il est aujourd’hui concepteur-rédacteur chez NRJ et travaille sur une série de feuilletons audio, pour lesquels il a déjà remporté deux prix.

Synopsis :

Le général Dun-Cadal fut le plus grand héros de l’Empire, mais il n’est plus aujourd’hui que l’ombre de lui-même, une lamentable épave au fin fond d’une taverne.
C’est là qu’une jeune historienne vient le trouver. Elle est à la recherche de l’Épée de l’Empereur, disparue dans le chaos des derniers jours de son règne, et que Dun-Cadal aurait cachée en un lieu secret.
Pour elle, le vieux guerrier va ressasser ses souvenirs de gloire et ses regrets amers, à commencer par sa rencontre avec ce garçon qui lui sauva la vie et fit sa fierté avant qu’ils ne basculent tous deux dans le drame et le tourbillon de l’Histoire.
C’est alors qu’un assassin sans visage se met à frapper au cœur de la République. Les fantômes du passé refont soudain surface, ravivant les anciennes rancœurs et la soif de vengeance d’un homme perdu sur la voie de la colère.


Critique :

                En voilà un de livre attendu. Annoncé peut-être depuis 2011 (de mémoire), repoussé sans cesse malgré une promotion de tonnerre chez Bragelonne, le premier roman d’Antoine Rouaud aura su se faire attendre. Et les attentes sont élevées puisque le livre est estampillé « première sortie mondiale française dans la catégorie fantasy ». Clap clap, on applaudit après cette petite séquence émotion, et j’espère que vous êtes tous heureux pour Antoine Rouault. Mais je le sais, vous êtes tous impatient de savoir ce que ce livre a dans le ventre. Verdict ?

                Et bien c’est plutôt bon. A lire, au revoir, et bonne lecture.
Ok ok, je déconne, je m’arrête pas là. Peut-être avez-vous déjà lu quelques retours sur le bouquin, comme quoi c’est vraiment original dans la forme. Je confirme. Le récit fonctionne beaucoup sur différents flashbacks. Or, généralement, les transitions de ceux-ci sont gérées de façon assez abrupte, avec un nouveau chapitre par exemple. Mais Antoine Rouaud a beaucoup travaillé pour rendre fluide et naturel ces transitions au sein d’un même schème narratif. Et c’est franchement réussi.

Après, vous commencez à me connaitre, mon exigence première se situe au niveau de l’histoire, à de rares exceptions près. Et j’aime bien casser le suspense aujourd’hui, c’est très sympa aussi. Sympa, pas extraordinaire. Porté par ce style efficace, le contenu de l’histoire n’en est que plus agréable. Je développe.

Le point principal qui m’a accroché se trouve au niveau de l’ambiance. Avec le système de flashbacks, on est à cheval d’un point clef de l’histoire où un glorieux empire s’effondre pour laisser place à une république démocratique. Et c’est cette petite touche d’originalité qui fait la différence par rapport à un autre livre lambda de fantasy et de qualité équivalente. Cela permet de tisser une toile politique très sympa, certes pas aussi développée que Le Trône de Fer par exemple, mais suffisamment attrayante  pour capter votre attention, et sans lourdeur.

A côté de cela, les personnages sont bien campés, surtout Dun-Cadal qui attire vraiment la compassion malgré sa stature. C’est un homme de convictions absolument pas manichéen puisqu’il doit son ascension au sommet grâce à son travail de l’ombre. Et dans sa déchéance avec la fin de l’Empire, jamais il n’aura dévié de ses convictions malgré sa destruction en tant qu’homme. Mais par opposition, les autres personnages manquent de ce supplément d’âme qui nous les font aimer, qu’ils soient laids, peureux, candides, héroïques, etc.

L’ensemble est donc de bonne tenue, un premier roman qui se lit à toute vitesse, avec une petite touche Star Wars. Un petit manque de rebondissements parfois, mais deux ou trois surprises aussi. Surtout, un premier volume qui s’inscrit dans cette fantasy initiatique que j’ai tendance à aimer beaucoup. J’attends la suite, en espérant que la série acquière une dimension supplémentaire.

Note : 7,5/10
Pas le phénomène que l’on voudrait faire croire, mais un bon premier roman qui se démarque par le cadre choisi et sa construction de très haut-niveau. A dévorer.

Walk on the Wild Side by Lou Reed on Grooveshark

vendredi 25 octobre 2013

BD à dévorer #8

          Pfiou ! J'avais promis plein de mini-critiques BD, encore une fois, je suis un peu à la ramasse. Je crois que je vais inaugurer prochainement un nouveau fonctionnement avec Facebook pour les BD, où je ne mettrais que rapidement mon sentiment personnel. Mais en attendant, place !

Astérix chez les Pictes, de Jean-Yves Ferri et Didier Conrad
Note : 7/10
Et oui, je commence par la plus grosse sortie de cette semaine, avec ce bon vieux Astérix. Et oublié les dernières grosses bouses avec des extraterrestres et tout le tsoin-tsoin, on renoue avec quelque chose de plus en phase avec l'esprit Astérix. Il ne s'agit sûrement pas du meilleur opus de la célèbre série, mais on a le sourire aux lèvres très souvent. J'ai ressenti quelques "passages obligés" pas toujours au mieux négociés, mais jamais pénibles à lire non plus. Mon principal reproche est l'impression laissé par notre petit blondinet national, moins charismatique qu'habituellement, au profit d'un Obélix omniprésent. M'enfin bon, ça ne gâche pas le plaisir de lecture, avec quelques jeux de mots bien sentis, des références humoristiques très sympathiques, un voyage en Ecosse parfait pour nos deux héros, et un dessin parfaitement calqué sur l’œuvre originale.

Niourk, tome 2, de Olivier Vatine

Note : 8,5/10
J'avais aimé le premier volume, et j'aime tout autant le second qui prend de l'ampleur progressivement. Vraiment, les éditions Ankama ont eu une riche idée d'adapter en BD l’œuvre de Stefan Wul, extrêmement visuelle, parfaitement adaptée pour la BD. Car Stefan Wul, c'est avant tout une imagination débordante qui en met plein la vue. Et si en plus, on a la chance d'avoir cela servi par le dessin magnifique d'un Olivier Vatine, on saute dessus. Niourk, un pilier de la collection wulienne de chez Ankama à dévorer. A lire aussi La Peur Géante.

Loup de Pluie, tome 2, de Rubén Pellejero et Jean Dufaux
Note : 9/10
Waouh ! J'avais déjà grave kiffé le premier tome de Loup de Pluie, mais là, vous allez être gâtés. L'histoire prend vraiment une dimension supplémentaire, avec ce virage tragique, des plans vraiment bien choisis, de l'héroïsme là où on ne l'attend pas. Du parfait western, toujours avec ce dessin magnifique, avec ses contours noirs et épais qui jouent à merveille sur les couleurs. Et superbe coup scénaristique avec l'absence presque totale du héros éponyme de la série dans cet opus. Et pourtant, on le sens, on le sais derrière les trames de l'histoire. Il est là, son ombre plane, tout le monde l'attend. Grosse tuerie, entre codes et anti-caricature du western. A dévorer. Et attention, objet magnifique en main, encore un excellent boulot de Dargaud.

dimanche 13 octobre 2013

Prisoners, de Denis Villeneuve

          Pow pow pow !!! Grosse claque dans le pif ! Après une période cinéma assez morose et un La Stratégie Ender, un rayon (très noir) de soleil nous fait entrevoir une belle éclaircie. J'ai aimé - ou plutôt adoré - Prisoners, avec à la baguette Denis Villeneuve. Ce dernier nous livre un thriller fleuve de 2h30 qui ne laissera personne indifférent. Tous les ingrédients sont là, présentés avec maestro. Intrigue policière rondement menée, mais surtout ambiance noire magnifiquement orchestré, quelques scènes extrêmement poignantes, et une bande-son minimaliste qui montre bien la force d'une histoire ne nécessitant pas de l'artifice musical pour provoquer l'émotion.
massacre annoncé de

            Il faut aussi souligner les performances scéniques de la plupart des protagonistes. On peut citer les deux têtes d'affiche Jake Gyllenhall et Hugh Jackman, totalement habités par leurs rôles respectifs.On ajoute à cela des dialogues qui sonnent vrais, et nous voilà happés dans ce qui pourrait être une réalité cauchemardesque tant le rendu est bon. Si je devais faire une comparaison à un film pour vous repérer dans le genre et la qualité, ce serait Mystic River. Bref, un incontournable du thriller noir, je vous invite vivement à le voir (et l'apprécier).

mardi 1 octobre 2013

Dominium Mundi - Livre I, de François Baranger

Titre : Dominium Mundi – Livre I
Série : Dominium Mundi
Auteur : François Baranger
Editeur : Critic
Date de publication : 3 octobre 2013
Couverture :

Nombre de tomes sorti : 1 sur 2 (suite et fin en mars 2014)
Illustrateur : François Baranger
Pages : 603 pages
Prix : 25,00 euros

Biographie auteur :

                Né en 1970, François Baranger est un artiste aux multiples talents. Illustrateur pour le cinéma (Harry Potter 7 ou encore La Belle et la Bête de Christopher Gans), réalisateur de quelques courts-métrages d’animation, il est aussi concept artist dans le domaine du jeu vidéo (Heavy Rain, Beyond : Two Souls). On lui doit également de nombreuses couvertures de roman, et Freaks Agency, une série de BD chez Albin Michel.
                Dominium Mundi, gigantesque fresque inspirée du poème épique La Jérusalem délivrée, est l’aboutissement impressionnant de maîtrire d’une dizaine d’années de travail.

Synopsis :

2202. Né des cendres d’une conflagration planétaire, l’Empire Chrétien Moderne règne sur une Terre ravagée et irradiée. Urbain IX, pape tout puissant, contraint les populations à vivre selon un mode de vie médiéval, restaurant ainsi le Dominium Mundi.
Sous son impulsion, un vaisseau colonisateur est envoyé vers Alpha du Centaure, dans l’espoir d’y trouver de nouveaux territoires pour l’humanité. Lorsque les passagers abordent une planète et son peuple, les Atamides, le choc est grand. Mais ce n’est rien en comparaison d’une découverte encore plus bouleversante : le véritable tombeau du Christ ! Guidés par leur foi inébranlable, les missionnaires tentent de s’en emparer, en vain. Les indigènes les massacrent.
Sur Terre, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre. Deux ans plus tard Urbain IX achève d’armer un gigantesque vaisseau, le St-Michel, capable d’abriter un million d’hommes. Pour Tancrède de Tarente, le Méta-guerrier héros des champs de bataille, et Albéric Villejust, le génie de l’Infocosme enrôlé de force, débutera une Croisade sanglante vers une nouvelle Jérusalem…
Les événements feront-ils bégayer l’Histoire ?

Critique :

                Fatigue, manque de temps, manque de motivation, mauvaises lectures, etc. Dur de rédiger avec entrain un petit billet à votre attention en ce moment. Heureusement, j’ai reçu une bonne piqûre de plaisir dernièrement avec la lecture du Dominium Mundi – Livre I chez Critic, à paraître prochainement le 3 octobre. Autant vous dire que ça bout dans mes veines tellement je suis impatient de lire la suite, prévue pour mars 2014.

                François Baranger pour son premier roman nous livre ici quelque chose d’extrêmement accompli, notamment au niveau de l’intrigue, dans ce space opera fabuleux qui a tout pour devenir la référence française du (sous-) genre. Inspiré du célèbre poème La Jérusalem délivrée, on plonge dans un univers de science-fiction aux traits très… médiévaux malgré un vaisseau spatial militaire de tout premier ordre. Mais en parlant d’ordre, il s’agit bien de l’ordre féodal qui a été réinstauré suite au chaos qui a suivi la guerre d’Une Heure, guerre que l’on suppose atomique. Dans ce contexte, l’ECM, l’Empire Chrétien Moderne, contrôle tout du monde occidental, en plus de vouloir propager la foi partout dans le monde, puis même dans l’univers tellement ils se sentent à l’étroit. Autant vous dire que l’excitation est à son comble lorsqu’on découvre le tombeau du Christ dans la galaxie système solaire voisine.

                Vont se trouver embarqués dans cette aventure des hommes et des femmes de différents horizons, officiers-aristocrates chevronnés, soldats enthousiastes, enrôlés de force, nobles calculateurs, templiers, etc. Imaginez un million de personnes dans un vase-clos, appartenant à diverses et nombreuses factions. Imaginez ce melting pot brûlant, mené d’une main de maître par François Baranger qui excelle dans la création de personnages attachants ou détestables, mais qui excelle surtout dans leurs relations. On obtient tout simplement une histoire addictive que l’on ne veut pas lâcher. Ajoutez-y une bonne pointe de mystère, un objectif connu mais extrêmement flou, et vous obtiendrez le top du top en ce qui concerne le space opera de divertissement.

Note : 9/10
D.O.M.I.N.I.U.M    M.U.N.D.I   L.I.V.R.E    I.    A    D.E.V.O.R.E.R    A.B.S.O.L.U.M.E.N.T !!!

Misericordias Domini, K 222 by Mozart on Grooveshark

lundi 16 septembre 2013

Le Majordome, de Lee Daniels

          Je pensais me présenter à vous avec une critique littéraire, mais voilà, je suis tombé sur un os que j'essaie de ronger jusqu'au bout, et donc pour vous faire patienter, je vous présente rapidement mon dernier coup de cœur au cinéma avec l'affiche Le Majordome qui a l'air de souffrir d'un excellent
bouche à oreille puisque j'étais dans une grande salle comble pour une séance de 22 heures, chose que l'on ne voit pas tous les jours.

          Il s'agit d'un biopic d'une personne qui jusque-là m'était totalement anonyme, mais qui a joué probablement son petit rôle dans ce que j'appellerais "l'histoire de l'ombre". Tenu par un Forest Whitaker que j'aime toujours autant, notre héros majordome va gravir sans remous les échelons de la société noire dans un état encore ségrégationniste, jusqu'à devenir majordome à la Maison Blanche et voir défiler les présidents devant lui.

          J'ai adoré ce film d'une profondeur terrible de la société américaine de l'époque, avec l'évolution de la résistance noire, qui débute avec la résistance pacifique directement inspirée de Gandhi, avec ses bus de la Liberté. Martin Luther King Jr se fera le chantre de cela. Une légère évolution apparaitra avec Malcolm X, puis viendra le temps des Black Panthers. Le Majordome est un film montrant cette résistance par l'intermédiaire du fils de notre héros, engagé dans ce processus. Il y a une véritable dualité au sein de cette famille, celle élevée dans le respect de l'homme blanc et la génération en recherche d'émancipation.

          On obtient des scènes poignantes, des répliques pleines de sens. Une m'est resté en tête, avec Martin Luther King qui déclare au fils, dans le rejet de l'activité de son père, majordome qui lèche le derrière des blancs, que son père fait un travail admirable et qu'il est le premier élément subversif de la société par son exemplarité. De l'autre côté du mur, notre majordome dévoile une personnalité plus complexe que le visage lisse qu'il laisse paraitre lors de son travail, et je me répète, joue par un formidable Forest Whitaker.

          Mon seul regret est la fin du film qui a pour moi sombré légèrement dans le "fanboyisme" pro-Obama, bien que de mes souvenirs télévisuels de sa première élection, cela semble bien coller à une certaine réalité. Je conseille très fortement cette très belle réalisation sur un thème pourtant déjà vu mais très bien traité, et dont on ne se lasse pas.

mercredi 11 septembre 2013

Servir Froid, de Joe Abercrombie

Titre : Servir Froid
Auteur : Joe Abercrombie
Editeur : Bragelonne

Date de publication : 2013
Couverture :
Illustrateur : Didier Graffet et Dave Senior
Pages : 667 pages
Prix : 30,00 euros

Biographie auteur : (source : bragelonne.fr)

Né en 1974, Joe Abercrombie a été monteur sur des documentaires et des concerts avant de se consacrer à l’écriture. Le succès fut immédiat. Publié dans près de 15 pays, Joe se place en tête des meilleures ventes avec chaque nouvel ouvrage, au côté de J.R.R. Tolkien, Terry Pratchett et George R.R. Martin. Il a été qualifié par le Times de « l’étoile la plus brillante de la nouvelle génération d’auteurs de Fantasy britannique ». Servir froid a été récompensé par le David Gemmell Ravenheart Award.

Synopsis :

C'est le printemps en Styrie. Et avec le printemps, vient la guerre.
La guerre est un enfer, mais c'est aussi un gagne-pain pour certains, comme Monza Murcatto, la plus célèbre et redoutée des mercenaires au service du grand-duc Orso. Ses victoires l'ont rendue très populaire... trop, même, au goût de ses employeurs. Trahie, jetée du haut d'une montagne et laissée pour morte, Monza se voit offrir en guise de récompense un corps brisé et une insatiable soif de vengeance.
Quoi qu'il lui en coûte, sept hommes devront mourir.
Elle aura pour alliés un soûlard des moins fiables, le plus fourbe des empoisonneurs, un meurtrier obsédé par les nombres et un barbare décidé à se racheter une conscience.
C'est le printemps en Styrie. Et avec le printemps, vient la vengeance.

Critique :

                Ca y est ! J’annonçais de la fantasy, en voilà ! Avec un bon morceau puisqu’il s’agit du dernier Abercrombie au titre plutôt explicite, Servir Froid. Autant dire que ça va défourailler puisque ce roman one-shot est basé plus ou moins entièrement sur le thème de la vengeance à gogo. Et ça marche plutôt bien, bien que je n’ai pas trouvé la mécanique parfaitement huilé, abusant justement un peu trop de cette idée que tout le monde est psychopate, que tout est noir dans ce bas monde. Par conséquent, puisque l’on savait que les protagonistes allaient prendre le pire chemin existant, certains rebondissements en devenaient trop prévisibles, ou bien tout simplement lassant.

                Pour autant, ce sentiment m’est apparu seulement dans le dernier tiers du livre, et de façon légère. Je m’empresse de dire qu’il ne faut pas cracher dans la soupe afin d’exprimer ma très grande sympathie pour cette nouvelle histoire d’Abercrombie, très fun, et qui confirme toutes les qualités exprimées dans le cycle de la Première Loi dont il va bien falloir que je lise le dernier tome un jour ou l’autre.

                Les qualités donc. Cela commence par un sens de la répartie hors norme, avec des dialogues qui cognent sévères. Abercrombie est probablement l’auteur où on peut recenser le plus de réplique culte à la page. Néanmoins encore, il gâche un peu cette qualité en l’utilisant parfois un peu trop justement, dans le sens que le bon mot prend le dessus sur le récit en lui-même. C’est en cela que c’est un one-shot que j’ai trouvé résolument fun, où l’auteur est dans le 100% plaisir, au détriment  d’un cycle peut-être plus ambitieux. Le ressenti sera selon les goûts, si l’on aime bien ça, ou si l’on veut une histoire avec un peu plus d’ampleur. J’aime bien les deux, et un Abercrombie fun, ça reste tout de même une histoire avec une belle densité, la trame de l’histoire n’est pas monolithique.

                L’autre point extrêmement fort de l’auteur, ce sont ses personnages. Souvent, il s’agit de belles raclures, mais toujours, on éprouve de l’empathie pour les plus importants d’entre eux. Une chose est sûr, c’est qu’on n’aimerait pas être à leur place, parce qu’ils vivent un enfer, ou parce qu’ils sont un peu zinzins sur les bords. Je vous laisse la surprise, mais j’ai un petit faible pour Cosca et son nouveau copain Cordial. Abercrombie, meilleur auteur créateur de personnages ? Je ne suis pas loin de le penser.

                Le tout dans une ambiance globale délicieusement « dark », où le jeu des trônes est particulièrement machiavélique (pas pour rien que s’est appelé  « Les Années Sanglantes »), où les mercenaires retrouvent leur place de crapules parmi les crapules, où violence est reine, où l’héroïne est droguée pour garder un peu d’entrain. On a en la personne d’Abercrombie ce qui peut se rapprocher le plus d’un digne successeur de David Gemmell, si l’on veut entrer dans le jeu des comparaisons. Dommage pour les quelques redondances stylistiques un peu trop apparente.

Note : 8/10
Du Gemmell dans le texte, en un peu plus sombre et moins héroïque. A dévorer.

Une des toutes meilleures des Whites Stripes...



In the Cold, Cold Night by The White Stripes on Grooveshark

lundi 9 septembre 2013

BD à dévorer #7 Du lourd, du très lourd

Hello people !
          Aujourd'hui, toujours pas de chronique sur un nouveau roman, mais ça ne va pas tarder (je viens de terminer le dernier Abercrombie). Pour vous faire patienter, un petit tour d'horizon des meilleures BD que j'ai lu ces derniers jours (parce que oui, si vous voyez rarement de mauvaises notes sur ce blog, c'est que je fais de l'écrémage avant cela, surtout en BD).

Paco les mains rouges, de Vehlmann et Sagot
Note : 8,5/10
Un dessin qui pourra en rebuter quelques-uns, mais pas moi. J'ai tout de suite accroché à l'ambiance retranscrite, celle d'un presque condamné à mort qui va être envoyé au bagne de Cayenne pour perpette. Une BD où l'on suit donc notre "héros" qui raconte à la première personne d'une façon incroyablement détaché qui pour moi fait toute la saveur du récit, où nous lecteur sommes au premier plan sans que tout cela ne soit obscurcit par la rage (ou autres sentiments) du héros. Il nous raconte tout simplement comment il survit dans ce terrible milieu. J'ai adoré, à dévorer.

Ma Révérence, de Lupano et Rodguen
Note : 10/10
Grosse claque pour moi avec ce one-shot qui touche à la perfection. Thriller sociétal au découpage narratif intelligent servant parfaitement le récit, soutenu par un duo de héros extrêmement complémentaires, l'un beau phraseur, tête bien faite, mais qui a vu sa vie sombrer suite à un triste choix de sa part, essaie dorénavant de redresser la barre en orchestrant un braquage type "Robin des Bois", l'autre gros loubard de première totalement déjanté. Chacun son registre comique, le premier cynique, le second délirant. Mais les deux sont pour le moins attendrissants. Le tout servit par un dessin très sympathique, on obtient une bande dessinée génialissime, intelligente, drôle et touchante. A dévorer d'URGENCE avant la rupture de stock.

Saveur Coco, de Renaud Dilliès
Note : 9/10
Rentrée sous le signe de Dilliès avec la double sortie de l'intégrale d'Abélard, sûrement une de mes BD favorites, et la sortie de sa dernière nouveauté, à savoir Saveur Coco. Et c'est une grande réussite, bien que je la place en-dessous d'Abélard. Le ton est plus léger, totalement décalé, l'auteur basant son récit sur l'absurde. Pas fan de l'absurde justement, je ne peut pourtant que m'incliner devant Renaud Dilliès qui a ce petit truc qui fait la différence. Cette BD est une bouffée d'air frais avec comme dans Ma Révérence un duo de héros qui fonctionne du tonnerre, se donnant la réplique de façon délicieuse avec leurs deux caractères totalement différents. A dévorer.

jeudi 5 septembre 2013

La Tour des Damnés, de Brian Aldiss

Titre : La Tour des Damnés
Auteur : Brian Aldiss
Editeur : Le Passager Clandestin

Date de publication : 2013 (1ère publ. En 1973)
Couverture :
Illustrateur : Xavier Sébillote
Pages : 106 pages
Prix : 8,00 euros

Biographie auteur :

Brian Wilson Aldiss naît le 18 août 1925 à Dereham (Norfolk, Angleterre). Largement méconnu du grand public – si l’on fait exception de sa nouvelle Les Supertoys durent tout l’été (1969 qui servit de base au A.I. Intelligence aritificielle (2001) de Steven Spielberg – il révéla tout son talent de visionnaire dans les années 1960-1970 (Le Monde vert, Barbe-Grise, Frankenstein délivré…) et contribua à l’éclosion et la reconnaissance de la Speculative Fiction britannique, aux côtés de J. G. Ballard et Michael  Moorcock.

Synopsis :

                En 1968, Brian Aldiss imagine une expérience aux proportions babyloniennes pour mesurer les effets de la surpopulation.

Critique :

                Bon, j’ai dit sur Facebook que ce début d’année scolaire allait envoyer du lourd, mais je vous avoue que je n’ai pas vraiment eu de pause après un été particulièrement fatigant, et donc qu’à l’heure où j’écris ces mots, je suis tout simplement claqué. Malgré tout, je n’oublie pas votre insatiable envie de lire mes billets résumant mes dernières lectures (n’allez pas me dire le contraire, je pourrais faire une chose qui vous plaira sinon). Et donc, je mets un point d’honneur de remettre en avant la collection des « dyschroniques » aux éditions du Passager Clandestin, une de mes rares lectures du mois d’août grâce à la brièveté du contenu. Un livre, une nouvelle. Mais une nouvelle assez longue dans le cas présent.

                Bien qu’elle date de « quelques » années, cette nouvelle a très bien vieilli puisqu’elle n’aborde pas le genre de la science-fiction par le biais de la technologie mais par celui des sciences sociales. Et ma foi, ça marche plutôt très très bien, avec une idée extrêmement sympathique que je ne vais pas dévoiler afin que vous en conserviez toute la saveur lorsque vous vous fournirez l’objet (si si ).

                C’est une nouvelle donc où l’idée prédomine sur le reste. Néanmoins, la palette des personnages est intéressante, d’autant plus au niveau des relations entre eux puisqu’il s’agit du cœur de l’idée qui construit ce livre, apportant une véritable densité à cette aventure qui ne reste pas uniquement au niveau du concept.

Le style littéraire quant à lui élimine toute fioriture. Avec Aldiss, on est dans l’efficace, l’écrit ne lui sert qu’à s’exprimer d’une façon très direct, avec des phrases courtes qui rendent compte de ce petit côté « rapport scientifique » où l’on prend acte du fait. Pour le coup, aucune difficulté de lecture devant vous, la voie est libre pour une bonne séance de dévorage.

Note : 8,5/10
Aldiss aux mille délices, à dévorer.

Young Folks by Peter Bjorn and John on Grooveshark

lundi 2 septembre 2013

BD à dévorer #6

Bonjour !
          Que vois-je ?! Dernière publication le 4 août ! Une éternité en somme. Mais ne croyez pas que je comptais vous délaisser. Tout simplement la fatigue et le travail m'ont-ils empêché d'être plus présent sur la toile. D'un côté, j'avoue avoir eu besoin d'une petite coupure, mais ce n'est que pour revenir plus fort, j'annonce la couleur.
          Et ce premier billet bandes dessinées est significatif : vous allez en avoir des avis BD, un bon paquet. Tellement que le modèle privilégié sera le format des "speed critiques", histoire que je puisse suivre le rythme.
          Mais le roman ne sera pas oublié, au contraire ! J'ai même un programme plutôt chargé qui vous attend, essentiellement à base de fantasy puisque les nouveautés du genre sont alléchantes, le tout agrémenté bien évidement de science-fiction.
          Place au Dévoreur Nouveau !

La Guerre des Lulus, La maison des enfants trouvés, 1914, de Régis Hautières et Hardoc
Note : 8/10
Une BD qui ne m'attirait pas plus que cela de prime abord, du fait de la thématique récurrente de la 1ère Guerre Mondiale et d'un dessin qui ne m'emballait pas. Mais la critique dessus était élogieuse. Mon immersion a été assez rapide, trouvant la première moitié de ce volume sympathique, touchant de naïveté et de tendresse dans un monde en guerre. Mais la suite allait crescendo, terminant sur une note assez dramatique, prenant le lecteur au piège de cette nouvelle série pleine de promesses pour la suite. A dévorer.

Où le regard ne porte pas, tome 1, de Georges Abolin et Olivier Pont
Note : 8,5/10
Comme quoi, faire un inventaire en librairie, c'est parfois positif. J'ai tout de suite été accroché par la couverture de ce premier volume et ce titre à tendance poétique. Un récit mélodramatique extrêmement touchant, où une infime évolution dans les sentiments d'un personnages bouleverse la suite de l'histoire. Mon seul regret, malgré un dessin qui me plaît, c'est le manque de grandes planches afin de mettre plus en valeur le décor magnifique de ce récit ancré au début du XXème siècle en Italie. Je m'en vais dévorer la suite de ce qui semble être un diptyque.

Frenchman, de Patrick Prugne
Note : 9/10
Waouh ! sera peut-être mon commentaire le plus explicite. J'adore tout simplement. Je ne connaissais pas du tout Patrick Prugne, grosse découverte pour moi. De même que Où le regard ne porte pas, j'ai d'abord été attiré par cette couverture où le "vide" est présent, mais uniquement pour mettre en valeur le personnage de façon énigmatique. Et c'est ce qu'on retient très rapidement de cette BD, son dessin magnifique avec des plans époustouflants. Si j'ai bien compris, il s'agirait d'un dessin fait à l'aquarelle, une réussite. L'histoire est plus classique mais très bien rendue, extrêmement bien mise en valeur par ce dessin justement, mais aussi extrêmement bien documenté sur cette Amérique du tout début XIXème siècle. Quelques planches et dessins préparatoires commentés par l'auteur à la fin de l'ouvrage donne aussi un point de vue nouveau sur le travail de Patrick Prugne, très intéressant. A dévorer.

dimanche 4 août 2013

Même pas Mort, de Jean-Philippe Jaworski

Titre : Même pas Mort
Série : Rois du Monde – Première Branche
Auteur : Jean-Philippe Jaworski
Editeur : Les Moutons électriques
Date de publication : 2013
Couverture :
Nombre de tomes sorti : Epreuve non corrigée
Illustrateur : Sébastien Hayez
Pages : 270 pages
Prix : 23,00 euros

Biographie auteur :

Jean-Philippe Jaworski a suivi des études de lettres et enseigne le français en lycée, dans la région de Nancy. Il a collaboré au magazine Casus Belli, créé Tiers Âge, un jeu de rôle gratuit sur la Terre du Milieu, et Te Deum pour un massacre, un jeu de rôle historique sur les guerres de religion. Après Janua Vera, son premier recueil de fictions, et Gagner la guerre, son premier roman très remarqué, il nous plonge cette fois dans une trilogie celtique.

Synopsis :

Je m’appelle Bellovèse, fils de Sacrovèse, fils de Belinos. Pendant la Guerre des Sangliers, mon oncle Ambigat a tué mon père. Entre beaux-frères, ce sont des choses qui arrivent. Surtout quand il s’agit de rois de tribus rivales… Ma mère, mon frère et moi, nous avons été exilés au fond du royaume biturige. Parce que nous étions de son sang, parce qu’il n’est guère glorieux de tuer des enfants, Ambigat nous a épargnés.
Là-dessus, le temps a suivi son cours. Nous avons grandi. Alors mon oncle s’est souvenu de nous. Il a voulu régler ce vieux problème : mon frère et moi, il nous a envoyés guerroyer contre les Ambrones. Il misait sur notre témérité et notre inexpérience, ainsi que sur la vaillance des Ambrones. Il avait raison : dès le début des combats, nous nous sommes jetés au milieu du péril. Comme prévu, je suis tombé dans un fourré de lances. Mais il est arrivé un accident. Je ne suis pas mort.

Critique :

                JE SUIS LE CORRUPTEUR ! Cherchant à assouvir ma soif de Jaworski, je suis parvenu à emprunter l’épreuve non-corrigée de la nouvelle série de mon auteur français favori malgré le temps qui me manque actuellement. Et j’ai bien fais. Mais si j’ai adoré Gagner la Guerre, et mon collègue Eäron Valil lui aussi, j’ai trouvé Même pas Mort bien plus maitrisé. Exit les erreurs d’un premier roman qui malgré son excellence parmi son firmament contenait quelques longueurs. En parlant de longueur, celle de cette première « branche » est assez courte, ce qui ne laisse la place au final qu’à une introduction, mais quelle introduction, vraiment brillante !

                La très grande force de Jaworski à mon sens, c’est qu’il est un conteur merveilleux. A la lecture, j’ai pensé à Patrick Rothfuss. Ce n’est certes pas du tout les mêmes registres de style, mais c’est au final le même sentiment, je m’explique. Je caractériserais le style de Patrick Rothfuss de particulièrement épuré, très agréable à la lecture, et bien plus accessible que la plume ciselée de Jean-Philippe Jaworski qui fait parler le métier de prof de français, avec un niveau de langue bien plus élevé. Néanmoins, les deux parviennent à adopter cette narration de conteurs, qui parvient à mêler le réel « fictif » (que ce soit à base historique pour l’un ou complètement imaginaire pour l’autre) à la mythologie (idem précédente parenthèse). Le télescopage entre récit réaliste et récit imaginaire est parfait, et c’est la base de cette réussite.

                Restons dans la comparaison, mais cette fois-ci de sa précédente œuvre, Gagner la Guerre. Le métier rentre rapidement chez Jaworski, les longueurs ont été éliminées tout en conservant les qualités d’écriture donc, mais aussi en conservant aussi cet intérêt premier pour une Histoire avec un grand H. Vous connaissez mon horreur pour les choses bien écrites mais vides de fond. Et bien là, on a les deux. Certes, comme je l’ai déjà précisé, il s’agit d’un premier volume assez introductif qui peut paraître peut-être assez lent, et pourtant, jamais on ne s’ennuie grâce à la richesse du monde entremis par l’intermédiaire de la richesse de l’a plume de l’auteur. Chaque mot donne du sens à cet univers sur fond historique. Chaque personnage est particulier. Et si chaque moment ne se vaut pas, c’est parce que par moment, on touche quelque chose de grand dans cette fresque. Quoi donc ? On ne le sait pas encore, mais le suspense est à son comble malgré l’approche choisie, celle où l’on connait déjà plus ou moins la fin avec le récit de jeunesse de Bellovèse, notre héros, alors que celui-ci, on le devine, est d’un âge bien plus avancé désormais.

                Parlons des personnages, car il s’agissait aussi d’un des grands points forts de Gagner la Guerre, avec un Don Benvenuto manichéen à souhait, plein de gouaille et extrêmement attachant. Le registre est cette fois-ci différent avec Bellovèse. Au lieu d’un assassin des bas-fonds, on a de retranscrit dans ce texte un parfum de grandeur par l’intermédiaire de ces récits de guerres, et donc aussi par celui de Bellovèse, ainsi que quelques autres personnages. Derrière Bellovèse, on a un patchwork de personnalités extrêmement bien rendu et intéressant.

                Enfin, je conclurais sur la toile de fond de ce nouvel univers de l’auteur, ancré dans une période et à un peuple finalement peu abordés. Les recherches faites dessus semblent importantes, et surtout plus proche d’une certaine réalité historique que ce que j’ai déjà pu lire sur l’époque. Mais j’ai surtout pu apprécier que l’on parle de peuples celtes sans parler de romains, un peu loin des clichés, ce qui permet de casser ce côté « barbare » des gaulois avec cette histoire centrée sur eux. Malgré cette base très historique, bien plus que Gagner la Guerre puisqu’il s’agit d’ici d’inspiration directe, et non indirecte, n’oublions pas que l’aspect fantasy est justement bien plus présent ici que dans le premier roman de Jean-Philippe Jaworski. Et si j’apprécie beaucoup cette fantasy pauvre en magie, plus que le contraire probablement, elle est ici très bien rendue. La magie n’est pas ordinaire, certes, mais elle n’est pas dissociée de la réalité créée par l’auteur. Elle est présente, c’est tout, et rien de plus normal.

                Un premier opus introductif, meilleur sur la forme que Gagner la Guerre, pas encore sur le fond, mais qui promet de grandes choses pour la suite que l’on attend impatiemment.

Note : 9/10
LA plume française dans le genre de la fantasy. Un conteur et un style hors-pair à dévorer.

La Tribu de Dana by Manau on Grooveshark