dimanche 30 mars 2014

Le Chevalier Rouge, de Miles Cameron

Titre : Le Chevalier Rouge
Série : Renégat – Tome 1
Auteur : Miles Cameron
Editeur : Bragelonne
Date présente édition : août 2013
Couverture :
Illustrateurs : Didier Graffet
Pages : 837 pages
Prix : 25,00 euros

Biographie auteur :

              Miles Cameron est un écrivain à temps plein qui vit au Canada avec sa famille. Il écrit également des romans historiques, sous un autre nom. Le Chevalier Rouge est sa première œuvre de fantasy.

Synopsis :

Pour diriger une bande de mercenaires sans foi ni loi, mieux vaut réunir les atouts de la naissance, d’une adresse certaine à l’épée et d’une chance diabolique.
Le Chevalier rouge a les trois, la jeunesse en plus, et il sait déjà en tirer profit.
De retour en Alba après une campagne militaire lointaine, ses mercenaires sont recrutés pour défendre un couvent fortifié ayant fait l’objet de raids sanguinaires.
Mais comme le Chevalier et ses hommes vont le découvrir sans tarder, ce contrat implique des pièges insoupçonnés, les entraînant de batailles en traquenards à l’orée d’une véritable guerre… dans laquelle le Chevalier lui-même a bien plus à perdre que prévu. Car celui qui envoie les créatures du Monde Sauvage décimer les humains pourrait bien connaître son secret le plus sombre…


Critique :

                La lecture présente est probablement celle qui aura fait le plus long feu depuis quelques temps dans mes livres. J’ai dû l’ouvrir début janvier, voire même avant, et ce n’est que trois mois après que je referme l’ouvrage en question. Entre temps, pleins d’autres lectures, et plutôt des bonnes. Alors, ce piétinement, est-ce parce que je n’ai pas trouvé à mon goût Le Chevalier Rouge ? Suspense ! Vous le saurez au prochain paragraphe.

                Bon, je ne vous ferais pas mariner plus que cela. Ce n’est pas par manque de qualité que ma lecture à tant durée. C’est plutôt dû au fait que Le Chevalier Rouge est un bouquin plutôt mastoc, le plus épais que j’ai lu depuis Le Trône de Fer. Et donc, cela demande la réunion d’un certain nombre de critères pour en apprécier le contenu. Il se trouve qu’en janvier, mon degré d’attention n’était pas à son summum. Néanmoins, il ne s’agit pas d’occulter une impression de longueur. Je suis mitigé sur celle-ci, car Miles Davis mène bien sa barque. On ne s’ennuie pas, ce sont de « bonnes » longueurs pour qui sait les apprécier, où toute la richesse d’un texte se fait, ainsi que la psychologie des personnages. Et ça, j’ai aimé. Mais on ne m’enlèvera pas l’idée que j’ai parfois trouvé le temps long. Je hais n’aime pas ne pas voir le bout d’un livre. Or, quand on a un « dico » en mains et que les pages défilent au rythme de quarante à l’heure au mieux (oui, j’ai compté), ça en fait des heures passées sur un livre. Bon, dans une logique de rentabilité typiquement estudiantine, c’est pas mal non plus.

                Surtout une fois en de meilleures conditions ! Le premier quart dépassé, et dans des conditions mentales plus reposantes, j’ai totalement plongé dans cet univers aux prémices déjà intéressants. En plus d’avoir des personnages bien en place et un univers bien fouillé, on entre alors dans une phase laissant la part belle à une fantasy épique dans toute sa splendeur. Miles Cameron a un sens de la description épique assez hors norme puisque je ne me suis pas ennuyé un instant, alors que les combats s’enchaînent et se répètent. Peut-être parce que les transitions sont bien foutus. Peut-être parce que pas deux combats sont identiques. Peut-être parce que les enjeux entre les différents « Pouvoirs » sont subtilement imbriqués dans cette mare d’acier et de sang. L’intrigue est vraiment bonne.

                Mais je ne voudrais pas être réducteur en limitant Le Chevalier Rouge à cette part épique (que j’aime beaucoup). C’est aussi un ouvrage où le jeu des personnages est rondement mené. J’ai trouvé particulièrement intéressant d’avoir une perception différente de certains protagonistes selon le point de vue choisi. Vous me direz que c’est évident d’avoir la représentation de différentes perceptions, mais je trouve que c’est fait de façon très fine ici. C’est mon analyse récurrente de ce livre je vais dire : sous un vernis assez brut de décoffrage, il y a toute une ornementation sophistiquée.

                Je finirais, comme fréquemment, sur le style de l’auteur. Et là aussi, c’est un point fort. Non pas parce que c’est un style particulièrement élégant, mais parce que c'est une écriture assez épurée et efficace, allié à de très nombreuses répliques qui vraiment claquent bien. Très souvent ai-je pensé « Oh tiens ! J’aurais bien aimé l’écrire celle-là ». En attendant, je vous souhaite d’aimer ce livre, si vous trouvez le courage de le lire.

Appréciation : De la fureur et du sang, la fantasy épique à son paroxysme ! Une lecture parfois longue, mais une bonne lecture, avec un univers riche.

Le jeu des comparaisons : Le Trône de Fer pour l’aspect polyphonique et les jeux de pouvoir, Le Royaume d’Epines et d’Os pour l’opposition de la Nature à l’Homme, et une touche de La Compagnie Noire, parce qu’on suit une compagnie de mercenaires et parce que c’est un récit épique.

jeudi 27 mars 2014

Le Prophète et le Vizir, de Yves et Ada Rémy



Titre : Le Prophète et le Vizir
Auteur : Yves & Ada Rémy
Editeur : Dystopia
Date présente édition : juin 2012
Couverture :
Illustrateurs : Corinne Billon et Laure Afchain
Pages : 160 pages
Prix : 10 euros

Biographie auteur :

Réalisateurs de documentaires institutionnels et de montage d'archives, ce qui leur a valu de voyager énormément à l'étranger, Yves et Ada Rémy se sont rencontrés en préparant le concours d'entrée à l'IDHEC. Nés respectivement en 1936 et 1939, ils ont publié trois romans aux confluents du fantastique et de la Science-Fiction (après Les Soldats de la mer sont venus Le Grand Midi, chez Bourgois, en 1971, et La Maison du cygne, édité par Gérard Klein chez Robert Laffont en 1978). Ils sont aussi les auteurs de biographies de Mozart et de Brahms. Ils ont obtenu en 1980 le grand prix de science-fiction. Les soldats de la mer en sont à leur 5ème édition : Julliard en 1968, Seghers en 1980, Press-pocket en 1987, Fleuve Noir en 1998 et en 2013 chez Dystopia.

Synopsis :

Désormais, il prophétise volontiers, ne serait-ce que pour éprouver ses progrès dans son laborieux retour vers des visions plus contemporaines. Et chaque jour il prie le Bienfaisant et Son Prophète de le prendre en pitié et de lui accorder le don de pêcher en eau moins profonde… Une prévision distante d’une lune ou deux lui apporterait gloire et considération, mais Allah, pourtant Miséricordieux, reste sourd aux requêtes intéressées de Son serviteur…

Critique :

                De retour, avec un texte plus court encore que celui de ma précédente chronique, car cette fois-ci, il s’agit d’un recueil de deux novellas écrit des mains du duo Yves et Ada Rémy. Et pour une première de ma part, c’est sans doute une bonne entrée en matière puisqu’après avoir fermé ce bouquin, j’ai immédiatement monté de quelques rangs dans ma pile à lire Les Soldats de la Mer.

                Des deux novellas, je vais m’attardez essentiellement sur la première répondant au doux nom de L’ensemenceur. Non pas que la seconde soit mauvaise, très loin de là, mais je pense que le recueil vaut surtout par cette novella que j’ai trouvée à tomber par terre, quel bijou !

                En effet, j’ai adoré cette histoire, vraiment passionnante. Les auteurs nous trimballent d’un point à un autre, et tout le temps ils ont quelque chose d’intéressant à raconter. J’ai trouvé ça très fort car le schéma narratif était risqué : une construction cyclique avec à chaque fois des mécanismes similaires qui avaient la potentialité d’amener une certaine redondance, et donc un certain ennui. Et bien non ! Tout le génie est là puisqu’est inclus un vecteur de progression dans cette boucle narrative. Chaque jour, les visions du prophète sont plus proches dans l’avenir, ce qui chaque rapproche le prophète des ennuis. Le dénouement est donc extrêmement bien amené, avec un déroulé tout aussi intéressant.

Appréciation : Une superbe fantasy orientalisante qui m’a fait voyager, couplée encore une fois à un bel objet des éditions Dystopia. Rafraichissant, à lire !

lundi 24 mars 2014

Louisiana Breakdown, de Lucius Shepard

Titre : Louisiana Breakdown
Auteur : Lucius Shepard
Editeur : J’ai lu

Date présente édition : octobre 2009
Couverture :
Illustrateur : Diego Tripodi
Pages : 190 pages
Prix : 5,60 euros

Biographie auteur :

Lucius Shepard, né le 21 août 1947 à Lynchburg (Virginie), est un écrivain américain de science-fiction.
Né dans une famille bourgeoise, Lucius Shepard quitte les États-Unis à l'âge de quinze ans pour mener une vie de bourlingueur. Il gagne l'Irlande en cargo puis visite l'Europe, l'Afrique du nord et enfin l'Asie. Vivant d'expédients, il travaille dans une usine de cigarettes en Allemagne, est vendeur à la sauvette sur les marchés du Caire puis videur dans une boite de nuit en Espagne. Au bout de quelques années, il revient aux États-Unis dans le but de poursuivre quelques études à l'université de Caroline du Nord.
Il rencontre sa femme, Joy Wolf, avec qui il aura un fils, Gullivar, qui deviendra architecte à New-york. Mais il repart bientôt à destination des pays du Sud-Est Asiatique et de l'Amérique centrale, en particulier au Honduras.
Dans les années 1980, après un bref passage dans les ateliers d'écriture Clarion, il commence à écrire et publie bientôt sa première nouvelle, Green Eyes, en 1984. Parallèlement, il exerce de 1982 à 1984 le métier de reporter free-lance et couvre notamment le conflit du Salvador. Son premier roman, Les yeux électriques, parait en 1984 suivi en 1987 par La vie en temps de guerre.
Devenu plus discret dans les années 1990, Lucius Shepard s'était remis à l'écriture et publiait de nouveau depuis l'année 2000, avant de décéder ce 20 mars 2014.

Synopsis :

C'est bien connu, les bluesmen n'ont que des emmerdes, et Jack Mustaine ne déroge pas à la règle. Peu avant d'arriver à La Nouvelle-Orléans, où il était censé se produire, sa décapotable vintage tombe en rade dans un trou paumé au milieu du grand nulle part moite de la Louisiane. Un endroit qui porte néanmoins un nom : Graal, où la vie s'écoule lentement, chargée d'une magie immémoriale. Sur fond de slide guitar, Jack rencontre des personnages étranges, tombe amoureux, s'enfonce toujours plus loin dans d'insondables mystères. Quelle vérité se cache au coeur des bayous ? Écoutez la légende de Jack Mustaine et vous le saurez... peut-être.

Souvent comparé à Ernest Hemingway ou à Gabriel Garcia Marquez pour la fluidité de son style et la richesse de ses univers, Shepard fait partie de ces écrivains majeurs qui échouent à toute tentative de classification. Il est l’auteur de quinze romans (Louisiana Breakdown, L’aube écarlate) et d’autant de recueils de nouvelles (Petite musique de nuit, Le chasseur de jaguar) qui lui ont valu pléthore de prix littéraires (Hugo, Nebula, World Fantasy, Grand Prix de l’Imaginaire).

Critique :

                Voici il y a quelques jours, Lucius Shepard décédait, une petite pensée pour lui. Quelques jours supplémentaires en amont dans le temps, je lisais justement mon premier Lucius Shepard. Etrangement, j’étais plus attiré par Le Dragon Griaule qui traîne dans mes étagères, mais l’épaisseur du livre ont fait que j’ai plutôt opté d’emmener Louisiana Breakdown en vacances. Et la conclusion, c’est qu’il va falloir me pencher sur le premier nommé assez rapidement, car le second fut une lecture qui ne laisse pas indifférente. Et surtout, qui m’ouvre à de nouveaux horizons littéraires, n’étant pas vraiment axé sur ce genre de lecture.

                En effet, Louisiania Breakdown est une œuvre difficile à classer, un road trip interrompu par une parenthèse fantastique où une chape de plomb pèse sur les épaules de Jack Mustaine, de passage dans ce coin en-dehors de tour : Graal. Malgré un amour qui se dessine, ce malaise persiste dans ce lieu aux us et coutumes folkloriques, chacun croyant en la magie (vaudou ?) et les arts divinatoires.

                Plus que l’histoire, que j’ai trouvé sympa, mais sans plus, c’est surtout la qualité d’écriture de Lucius Shepard. Je le classe probablement dans mon top cinq des plus belles plumes que j’ai lu, si ça peut être significatif. On ressent l’oppression du héros, l’atmosphère de la ville. Lucius Shepard ne fait pas étalage d’un vocabulaire incompréhensible, mais il utilise le mot juste au bon endroit. Le quotidien devient important, les longueurs n’existent pas. Il tisse ses phrases pour que jamais on ne se perde. On pourrait parler d’un architecte de la plume. Le résultat est probant ; je n’ai pas décroché du bouquin.

Appréciation : Pas forcément le genre d’histoire que je préfère, et pourtant, une ambiance et un style si particuliers font de Louisiana Breakdown un livre à lire, de préférence dans les plus brefs délais.
 

vendredi 21 mars 2014

Le Bâtard de Kosigan, de Fabien Cerutti

Titre : Le Bâtard de Kosigan
Série : L’Ombre du Pouvoir
Auteur : Fabien Cerutti
Editeur : Mnémos
Date présente édition : février 2014
Couverture :
Illustrateur : Emile Denis
Pages : 355 pages
Prix : 20,00 euros

Biographie auteur :

Fabien Cerutti est agrégé d’histoire et enseigne en région parisienne. Il passe une partie de sa jeunesse en Guyane et en Afrique et se passionne très tôt pour les cultures de l’imaginaire et les médias interactifs, dont le jeu de rôle et le jeu vidéo. Inspiré par le Trône de fer qu’il considère comme une oeuvre majeure, il commence par inventer des scénarios pour le jeu en ligne Neverwinter Nights se déroulant dans l’univers du Bâtard de Kosigan.
Il se crée alors autour de son personnage une belle communauté d’aficionados. Encouragé par ce premier succès, Fabien Cerutti se lance dans son aventure personnelle : écrire un roman foisonnant et surprenant dans lequel il conjugue à la fois sa connaissance des genres et son habileté de conteur. Le résultat : on dévore les aventures épiques et rocambolesques d’un héros attachant comme seules les littératures de l’imaginaire savent nous en faire aimer.

Synopsis :

Le chevalier assassin, Pierre Cordwain de Kosigan, dirige une compagnie de mercenaires d’élite triés sur le volet. Surnommé le « Bâtard », exilé d’une puissante lignée bourguignonne et pourchassé par les siens, il met ses hommes, ses pouvoirs et son art de la manipulation au service des plus grandes maisons d’Europe.
En ce mois de novembre 1339, sa présence en Champagne, dernier fief des princesses elfiques d’Aëlenwil, en inquiète plus d’un. De tournois officiels en actions diplomatiques, de la boue des bas-fonds jusqu’au lit des princesses, chacun de ses actes semble servir un but précis.
À l’évidence, un plan de grande envergure se dissimule derrière ces manigances. Mais bien malin qui pourra déterminer lequel…

Dans la lignée des meilleurs romans de fantasy historique comme Le Lion de Macédoine de David Gemmell, Le Bâtard de Kosigan mélange avec brio la fantasy anglo-saxonne et l’histoire de France.
Fabien Cerutti nous conte, dans ce roman qui se lit avec beaucoup de plaisir, une aventure pleine d’humour, de panache et de surprises…


Critique :

                Voici un livre dont je serais passé totalement à côté si mon « alerte super libraire » n’avait pas doucement résonnée au creux de mon pavillon interne. En cause la nouvelle maquette Mnémos à laquelle je n’adhère pas. Mais bon, il y a de tous les goûts et couleurs dans l’univers et les mondes parallèles. Mais je m’égare.

                Plus que la surprise d’un premier roman, j’ai été abasourdi par la qualité de ce premier opus, où l’auteur maitrise vraiment bien son sujet. Alors qu’il y avait matière à déraper très facilement en voulant mêler de multiples influences. Pour dresser un certain panorama, Fabien Cerutti mélange dans un récit à la vraisemblance historique très forte (il est agrégé d’histoire le monsieur, ça se sent) une fantasy à la Trône de Fer, pour le côté des intrigues politiques dans la quête de pouvoir, à une fantasy très « tolkienienne », c’est-à-dire avec tout ce bestiaire classique, essentiellement centré sur les elfes ici. Il faut avouer que c’est un certain tour de force puisque c’est très réussi. L’action principale ne se déroule donc pas dans un univers totalement imaginaire, mais dans un Moyen-Âge tout ce qu’il y a de plus historique, excepté la présence des peuples anciens qui sera justement rayés de l’histoire quelques siècles plus tard (mais pourquoi et comment, c’est tout le mystère à la fin de ce premier opus).

                Et j’ai adoré cette hybridation. Déjà, parce que c’est toujours un plaisir de voir quelques noms connus de l’histoire de France. Ensuite, parce que les meilleures intrigues sont souvent déjà présentent dans l’Histoire. Les rivalités entre Angleterre, France et Bourgogne en sont un très bon exemple. Et quand l’Imaginaire rajoute son petit grain de sel, ce n’en est que plus épicé. Je n’ai personnellement pas eu l’impression d’une fantasy basique où l’auteur rajoute des elfes pour rajouter des elfes, et ainsi respecter un certain cliché. La présence des peuples anciens apporte vraiment quelque chose puisqu’elle décide de deux idéologies raciales au minimum, ceux qui sont pour, et ceux qui sont contre l’existence de ces êtres. Bien sûr, il ne faut pas oublier l’influence de l’Eglise derrière cela. Fabien Cerutti parvient à présenter les coulisses de la « grande » Histoire, cequi donne une belle envergure au texte.

                L’autre chose qui m’a plu, c’est la savante répartition de la narration, entre l’intrigue « publique », c’est-à-dire le tournoi de chevalerie, l’intrigue « cachée » avec les luttes d’influence du bâtard de Kosigan, et la partie épistolaire plus de cinq siècles plus tard qui met en scène l’héritier de ce même bâtard et qui apporte une bonne part de mystère. On ne s’ennuie pas un instant, et en plus de cela, j’ai une forte envie de connaitre la suite. J’ai aussi apprécié la finesse du détail historique qui dans le cadre du tournoi donne une belle dimension épique.

                On a donc une belle toile de fond, un personnage principal qui s’exprime à la première personne suffisamment en nuances pour être bien kiffant. Les personnages secondaires ont de l’épaisseur, le Bâtard de Kosigan n’est donc pas face à un vide intersidéral. Après, on sent que toutes les qualités que j’ai exprimé sont améliorables, et ça, ça me fait grandement espérer pour la suite. Ma plus grosse réserve se situe peut-être sur le fait que c’était risque de concentrer presque toute l’action de son livre sur un tournoi de chevalerie. Si le lecteur n’apprécie pas cette concentration, il risque de ne pas émerger. Heureusement pour ma part, j’ai bien aimé, car subtilement dosé.

Appréciation : La très belle surprise fantasy de ce début d’année. Fabien Cerutti s’annonce peut-être comme la révélation française de l’année. Un univers de fantasy uchronique très riche en détails historiques, et un fort potentiel de romancier, Le Bâtard de Kosigan est un livre à découvrir.

mardi 18 mars 2014

Alone - L'Intégrale, de Thomas Geha

Titre : Alone – L’Intégrale
Auteur : Thomas Geha
Editeur : Critic

Date présente édition : février 2014
Couverture :
Illustrateur : François Baranger
Pages : 446 pages
Prix : 22,00 euros

Biographie auteur :

                Thomas Geha collectionne les casquettes. Auteur reconnu par la critique, notamment par son dernier recueil de nouvelles Les Créateurs aux éditions Critic, il fait aussi son come-back en 2012 en tant que libraire chez cette même librairie Critic à Rennes. A côté de cela, il a monté sa propre structure éditoriale avec les éditions Ad Astra.
                La réédition (revue et corrigée) des Alone en intégrale poursuit la belle aventure entre les éditions Rivière Blanche et Critic.

Synopsis :

« Les Alones évitent les Rassemblés, rongés par le fanatisme, parce qu’ils sont trop... nombreux. C’est que, même balèze, un Alone a du mal à affronter une vingtaine de fous furieux. »

Pépé est un Alone, un solitaire qui trace sa route dans une France dévastée. Son créneau : la survie. Son credo : le mouvement. Armé de ses couteaux, il va affronter tous les dangers pour retrouver un fantôme de son passé : Grise. Mais suffit-il de survivre ? Car un vent de renouveau souffle sur les débris de l’ancien monde, porteur de dangers autant que d’espoir.

Ce volume réunit pour la première fois A comme Alone et Alone contre Alone dans une version largement révisée par l’auteur et augmentée de deux nouvelles dans le même univers. Des récits post-apocalyptiques enlevés, bel hommages à Julia Verlanger et son roman L’Autoroute Sauvage.

Critique :

                Il est des auteurs un peu coqueluches de la blogosphère. Thomas Geha en fait partie. Récemment, Book en Stock a consacré un mois complet à celui-ci, et Un Papillon dans la Lune a classé l’intégrale Alone dans son top 10 de tous les temps (tout de même), parmi quelques autres belles chroniques sur Alone (comme celle de Cornwall) à l’occasion de cette réédition illustrée magnifiquement par François Baranger.

Mais pourquoi une telle sympathie à l’égard de l’œuvre de Thomas Geha ? Simplement parce que ce dernier a bonne bouille ? Alors certes, le personnage est (très) sympathique, mais sa qualité de romancier est à mettre principalement en avant. Alone, en plus d’être un vibrant hommage à Julia Verlanger et L’Autoroute Sauvage (si je vous saoule d'hyperliens, vous me le dites), est une intégrale qui se dévore sans interruption et sans aucun souci. Le style est propre, concis et… drôle. Ou plutôt, dirons-nous fun. Car oui, comme feu Julia Verlanger, l’intégrale Alone est un post-apo dans la veine du divertissement le plus cool, où la prise de tête n’a pas lieu d’être.

Je vais m’attarder avec cette similitude à L’Autoroute Sauvage. Si les mécanismes sont les mêmes, il ne faut pas s’offusquer de ces ressemblances. Thomas Geha apporte sa touche, plus créative, non pas que Julia Verlanger manquait d’imagination (au contraire), mais dans ce côté décalé si frais. Qui donc peut inventer des « voitortues » ? On tourne presque à la limite du fantastique parfois, par l’intermédiaire de ces mutants notamment.

Probablement Thomas Geha, grand fan de Julia Verlanger comme le souligne son pseudonyme, a voulu écrire quelque chose dans le chemin déblayé par Julia Verlanger, la voie du divertissement le plus pur (je me répète un peu, mais c'est parce que j'insiste). Ainsi, si vous cherchez de grandes réflexions sur le genre humain, passez votre chemin. Enfilez plutôt le blouson de cuir (ou plutôt le débardeur trempé de sueur avec un treillis militaire), collez-vous une clope au coin de la bouche, sortez un couteau de lancer (ou un katana), et il ne manque plus que la moto pour vous faire une idée de la chose, un truc qui en jette grave, où les alones évitent les « rasses » comme la peste, et où la loi du plus fort prime. Du feu et de l’action, fuck YEAH !

Appréciation : Un diptyque, deux nouvelles, un très bon moment de divertissement, dans la veine des meilleurs romans populaires SF français, hyper cool et fun.

samedi 15 mars 2014

Hysteresis, de Loïc Le Borgne

Titre : Hysteresis
Auteur : Loïc Le Borgne
Editeur : Le Bélial

Date présente édition : février 2014
Couverture :
Illustrateur : Aurélien Police
Pages : 365 pages
Prix : 19,00 euros

Biographie auteur :

Né en 1969 à Rennes, Loïc Le Borgne est, depuis 1993, journaliste dans un quotidien de presse régionale de l'ouest de la France.
Il vit à La Ferté-Bernard, dans la Sarthe. Marié, père de deux petites filles, il a écrit plusieurs romans fantastiques qui n'ont pour l'instant pas été publiés. Écrire est une passion ancienne : il a achevé son premier roman de science-fiction en classe de sixième. Ses thèmes de prédilection : l'écologie, les énigmes scientifiques, la quête de la terre promise, les voyages.
Romancier bien connu dans le champ des littératures dédiées aux plus jeunes, Loïc le Borgne signe avec Hysteresis son premier roman « adulte », récit post civilisation très personnel, puissant, lyrique, porté par une langue ciselée et une sensibilité tranchante.


Synopsis :

« Allô, c’est un enfant perdu qui vous parle.
Est-ce qu’il y a quelqu’un de l’autre côté ?
Non, vous êtes déjà morts.
Je suis l’enfant de vos enfants, je suis de votre sang.
Il y a une petite bougie allumée près de moi. Il faut économiser les bougies. Autour, c’est le noir de la cave, celle où je vis. »
Le temps a filé depuis la Panique, la grande, l’incommensurable débâcle qui a couru sur le monde, balayant jusqu’au dernier rêve d’une humanité autocentrée... Le temps a passé, oui, et il a fallu reconstruire comme on a pu. Essayer, en tout cas, et au prix fort : celui du savoir, bien sûr, mais aussi celui de l’espérance... Et quand Jason Marieke arrive à Rouperroux, misérable village accroché à sa survie précaire, lui, l’ancien, celui d’avant la Panique, homme en quête doté de connaissances mystérieuses et aux questions qui dérangent, alors semble sonner l’avènement d’une ère nouvelle, celle des réponses et du cortège d’horreurs qui les accompagne...

Critique :

                Tout d’abord, j’aimerais remercier Cornwall pour le concours sur son blog La Prophétie des Ânes qui m’a permis de gagner ce bel ouvrage. Car oui, j’ai tout de suite accroché à cette couverture énigmatique, et pour une fois me suis-je inscrit à un concours, avec succès (yeah !).
               
                Mais la couverture d’un livre n’en assure pas son succès. Le contenu doit suivre. Et autant vous dire que l’on est très rapidement rassuré puisqu’on s’immerge extrêmement bien dans cette ambiance à nulle autre pareil, grâce à une belle écriture qui parvient à décrire cette atmosphère à la tension haletante en quelques mots seulement, grâce aussi à cet usage récurrent de chansons, poèmes, comptines et autres ritournelles. Loïc Le Borgne mélange créations et assimilation de l’ancien (le présent ou passé proche pour nous) dans une belle symbiose qui forme cette atmosphère énigmatique si délectable, dans un néo-folklore parfois angoissant à souhait.

                On n’est donc pas face  à une grande épopée dans un univers post-apo où un personnage va devoir sauver le monde, on est plutôt dans la petite histoire, celle dont la postérité n’est pas censé se souvenir. Les histoires du village doivent  rester dans le village, dans une sorte de relation incestueuse. Et pourtant, un « étranger » (en fait ancien habitant du bled avant la Panique, un de ces anciens honnis) va débarquer avec ses manières un peu rustre qu’il a apprises parmi les indiens d’Amérique, et il va briser la glace pour foutre un bordel monstre comme n’en avait plus vu le village depuis des années. Le passé ressurgit sous le couvert d’un fanatisme paganiste.

                Je n’ai pas trop d’autres choses à ajouter sur ce livre qui vaut surtout pour son écriture et son ambiance à mon sens. L’intrigue de l’histoire n’est pas la plus originale, mais elle est bien menée et intéressante. Quant aux personnages, ceux-ci s’imbriquent parfaitement dans le contexte créé, et chaque individualité émerge avec un certain brio dans cette petite communauté.

Appréciation : Un très bon roman qui devrait plaire aux amateurs du genre post-apo/civilisation, mais aussi peut-être à un public plus large grâce à sa finesse et sa langue.

mercredi 12 mars 2014

Punk Rock Jesus, de Sean Murphy

Titre : Punk Rock Jesus
Auteur : Sean Murphy
Editeur : Urban Comics

Date présente édition : Septembre 2013
Couverture :

Pages : 232 pages
Prix : 19,00 euros

Biographie auteur :

Sean Murphy est né à Nashua, New Hampshire, États-Unis, à l'automne 1980. Il apprécie le dessin dès son plus jeune âge, prend des cours avec un illustrateur vétéran de la Seconde Guerre Mondiale entre 8 et 16 ans, et complète sa formation au lycée Pinkerton Academy en 1999, au Massachusetts College of Art et au Savannah College of Art and Design.
Ses premières productions sont réalisées en tant qu'encreur. Après avoir encré des dessins de Zach Howard2, il reprend les crayons et travaille sur divers titres, dont Star Wars, et d'autres projets chez l'éditeur Dark Horse Comics. Il est ensuite engagé chez DC Comics, notamment sur Batman/Scarecrow: Year One et Teen Titans.
Par la suite, il travaille dans l'animation, dans le jeu vidéo, publie son premier ouvrage personnel (Off Road), et contribue aux célèbres séries Hellblazer (Hellblazer: City of Demons) et American Vampire (American Vampire: Survival of the Fittest).
En 2012, il écrit et dessine la série Punk Rock Jesus, qui met en scène le clonage de Jesus-Christ dans un futur proche…. Cette œuvre, pour laquelle il a refusé de travailler sur la licence Assassin's Creed, est liée aux propres croyances de l'auteur, originellement catholique et devenu athée en 2003.
Au cours du Comic-Con 2012, il est annoncé que Sean Murphy retravaillerait avec le scénariste Scott Snyder, sur une série horrifique intitulée The Wake. Cette série est publiée depuis mai 2013.
Après avoir développé un concept finalement abandonné sur Batman, intitulé Steampunk Gotham, Murphy est cité comme pouvant reprendre la série régulière en 20139.

Synopsis :

Dans un futur assez proche, le clonage humain a progressé et le premier clone va voir le jour dans le cadre d'un immense projet de télé réalité. Ce premier clone, c'est celui de Jésus Christ, et un grand casting est lancé pour trouver sa mère, qui doit être vierge afin de coller au mythe. Sous les regards des caméras, le petit Chris va naître et grandir, éduqué par la Bible et tenu loin des sciences et de tout ce qui pourrait le détourner de son destin. Evidemment, la mécanique bien huilée et les manipulations de la production vont rapidement dérailler...

Critique :

                Dans la série « Le saviez-vous Z», saviez-vous que Punk Rock Jesus est un comics absolument génial ? Non ? Non ?! NON ?!!Comment est-ce possible ? Vous aurait-on mal informé ? Comment ? Comment ?! COMMENT ?!! Vous insinuez que moi, j’aurais mal fait mon boulot ?... Ok, c’est vrai. J’ai eu l’occasion de lire ce brillant comics depuis sa sortie en septembre dernier, mais je n’ai pu sauter le pas que dernièrement. Rooooh, vous n’allez pas m’en vouloir pour seulement sept petits mois de retard, si ? Si ?! SI ?!! Bande de « chacaux », je vous revaudrais ça.

                Laissons de côté cette affaire, et laissez-moi porter à votre attention le fait que vous devez impérativement lire Punk Rock Jesus, tout simplement parce que ça envoie du pâté. J’adore cet argument, j’espère que celui-ci vous parle. Il suffit du titre pour imaginer quelque chose de délirant. Accolé punk et rock à l’icône de Jésus est déjà un pas suffisant pour susciter mon intérêt. Mais quand le contenu suit les promesses soutenues par cette fort belle couverture et le bouche-à-oreilles, ce n’en est que plus délicieux.

                J’avais déjà eu sous la main un comics signé Sean Murphy, Off Road, sympathique mais sans plus (je n’avais pas pris la peine de le chroniquer ici). On est ici trois, quatre, cinq, six voire sept crans au-dessus. J’ai parlé de quelque chose de délirant, mais Punk Rock Jesus ne se limite pas du tout à cela, loin de là. C’est une histoire qui a maturée des années durant dans l’esprit de l’auteur, et qui est plus intime qu’on pourrait le penser. Vous vous en douterez, ça tourne autour de quelques convictions religieuses impactant sur notre société capitalo-médiatique.

                Tout débute avec le clonage de Jésus à partir de cellules souches soi-disant trouvées dans le suaire du Christ. A partir de là va être monté une émission de télé-réalité hors-norme sur l’intégralité de sa vie, et où la production va presque tout se permettre. Ingénieusement, par un procédé génétique à la pointe, il a été fait en sorte que l’enfant nommé judicieusement Chris ait un QI hors-norme. Seulement, la vie n’est pas seulement affaire d’intelligence, mais bien aussi de sentiments. Entre un garde du corps ancien terroriste de l’IRA (surnommé poétiquement « le cimetière » en référence aux croix qu’il se tatouait pour chaque vie prise) qui voit sa rédemption par ce travail, une mère-porteuse devenue alcoolique et dépressive, une scientifique dépassé par son œuvre, Punk Rock Jesus atteint une dimension jouissive avec la rébellion de Chris face à cette société fanatique.

                En plus de tout cela, le dessin noir et blanc, assez anguleux, est vraiment top. Et ça permet un prix attractif pour un objet au final assez volumineux puisque c’est du quatre tomes en un.

Appréciation : Hallelujah bordel ! Ça, c’est du comics à dévorer impérativement ! Une BD EXCELLENTISSIME, parmi mes toutes meilleures lectures comics.

N. B. : Fin des notes sur le blog, alors que jusqu’ici, j’étais assez partisan (et dans une certaine mesure, je le suis encore). Néanmoins, ça ne veut pas pour autant dire que je renonce à émettre un jugement qui peut avoir valeur de sentence (bien que je ne pense pas être méchant). L’intérêt d’une note était pour vous, très chers lecteurs, de pouvoir immédiatement vous repérer sur une échelle simple. Seulement, mon opinion a progressivement évolué devant ma difficulté à nuancer mes notes selon pleins de critères plus ou moins objectifs. Mais je ne pouvais pas abandonner cette notion de repère sur la valeur que je donne à une œuvre. Et donc les notes laissent place à une « simple » appréciation à laquelle vous pourrez immédiatement vous référer grâce à quelques qualificatifs bien sentis. Je pense, et j’espère, apporter ainsi une plus grande richesse grâce à ce jugement porté littérairement plutôt que numériquement. Chacun se fera son échelle selon mon vocabulaire, ce qui enlève un peu le caractère définitif de la note que j’ai parfois eu l’occasion de regretter en comparant à certaines autres. Si vous n’êtes pas content de cette évolution, dites-le. Et si vous êtes content, dites-le aussi :p. Pour les insatisfaits, je pense qu’Eäron Valil conservera de son côté le système des notes.

lundi 10 mars 2014

Un autre Dévoreur au ciné #2 Snowpiercer : Le Transperceneige



Ce film de Bong Joon Ho nous interpelle aux abords d'une période post-apocalyptique où la
Terre se trouve perpétuellement recouverte d'une épaisse couche de neige et de glace. La vie à l'extérieur devient alors impossible, et pousse l'Humanité à se réfugier dans un unique train infaillible, à l'itinéraire constant, dix-sept années durant. Cette représentation qui hérite de la BD française de Jacques Lob pointe du doigt de nombreux vices (drogue, violence...) de notre société et l'absurdité de la condition humaine.

Ce scénario qui se veut profond et ingénieux n'est pas à l'abri de certains défauts et invraisemblances, et d'une certaine touche de fantastique (don de prédiction d'une jeune fille) dont le réalisateur aurait pu volontiers s'abstenir - à mon goût -, ou aurait au contraire dû l'approfondir jusqu'à le rendre crédible dans un univers qui se voulait plus ou moins fidèle au réel. L’on retrouve également tout un enchaînement de simples aperçus des différents wagons, sans la moindre volonté de recherche ou de créativité, ainsi qu’un gros manque de mise en scène. Le spectateur se perd donc quelque peu et se voit même contraint de se regarder lui-même dans un monde identique au sien, aux stéréotypes forcés, avec pour seule particularité d'avoir un environnement physique limité. Le réalisateur accélère le rythme exactement là où il aurait été intéressant de s'arrêter et de développer : comment la vie est-elle rendue possible dans un train ?

De plus, un certain nombre de questions et de points demeurent dans l'ombre, peu explicités, peu creusés. L'intrigue s'enferme dans le désir de vengeance du personnage principal, Curtis (interprété par Chris Evans), et délaisse alors un nombre considérable de pistes qu’il aurait été intéressant d’exploiter. L’objectif principal est oublié : ce n’est plus qu’un combat personnel pour un groupe qui se voulait à la base révolutionnaire et désirait améliorer les conditions de vie des prolétaires. De même, la fin se délite dans des explications fabuleuses et par un grave manque de réaction du personnage de Wilford face à la destruction de son chef d’œuvre, le train. Mais malgré ces touches qui font quelque peu défaut au film, ce dernier reste empreint de bonnes idées et d'un panel surprenant d'images magnifiques et d'effets spéciaux travaillés.

En effet, l'intrigue demeure tout de même recherchée, innovante avec un jeu d'acteurs remarquable, et contraste bien entre un Curtis au visage violacé (dans l’une des dernières scènes), symbole d'une jeunesse malade et d'un peuple victime de la pauvreté, contrebalancé par le calme plat et serein qu'aborde le vieux Wilford bourgeois. La fin, peu prévisible, relance le tout d'un souffle d'espoir, d'une possibilité en l'homme de perpétuer. Le tableau final parle de lui-même : une jeune fille blanche, forte, prend sous son aile un enfant noir où la place donnée à la femme et à l'acceptation des différences n'est certes pas bénigne. On applaudit donc finalement ce film réalisé par Bong Joon Ho, beau et à tendance introspective pour le spectateur.
 
Signé : Eäron Valil  


Un avis différent : Le Dévoreur au ciné #6