mardi 2 avril 2013

Rien ne nous survivra, de Maïa Mazaurette

Titre : Rien ne nous survivra ; Le pire est avenir
Auteur : Maïa Mazaurette
Éditeur : Folio SF
Date de publication : 1er Septembre 2011
Couverture :
 Illustrateur : Hervé Leblanc
Pages : 372
Prix : 7.50€

Biographie auteur : (source : izneo.com)

          Maïa Mazaurette est née en 1978 à Paris. Co-scénariste de Péchés Mignons 3 et 4, elle est également écrivain, journaliste et bloggeuse. Après ses études de journalisme, elle collabore à de nombreux titres de presse et acquiert une notoriété certaine. C'est avec humour, fantaisie et impertinence qu'elle se lance dans l'aventure de Péchés Mignons. Maïa écrit aussi des fictions et des essais, on la retrouve notamment en compagnie d'Arthur de Pins dans les ouvrages suivants ; L'Anti-Kamasutra à l'usage des gens normaux, Le Guide du râteau chez Fluide Glacial, La Revanche du clitoris, Peut-on être romantique en levrette ? à la Musardine. Elle habite Berlin, d'où elle tient son blog Sexactu.  

Synopsis :

          Les jeunes ont rasé Paris, ont renversé les fondamentaux de notre société ; les jeunes ont osé briser les plus délicieux des tabous : tuer les vieux. Tous les vieux. À partir de vingt-cinq ans. Laissez les Théoriciens vous expliquer pourquoi.
          Dans cette atmosphère de guerre civile, de poudre et de béton calciné, deux snipers émergent : Silence, l'idole que les jeunes suivraient en enfer, et l'Immortel, qui compte bien faire vivre l'enfer à Silence. Quel meilleur terrain de chasse que les toits parisiens ?
          Avec un cynisme mordant, un humour corrosif, Rien ne nous survivra propose une variation sur notre société actuelle, tout en piétinant les présupposés de notre morale. Car au jeu de l'intolérance jeunes/vieux, qui a commencé ?
          Le roman a reçu le prix Imaginales des lycées en 2010.

Courts extraits :

L'Immortel. « Tuer des vieux demande un certain talent. C'est tout le charme de cette guérilla – l'utilité n'est plus à démontrer. Je savoure vraiment cette interaction chasseur-victime, j'y retrouve un instinct essentiel. C'est venu dès la première fois, il y a deux ans, quand tout ce bordel a commencé. Disons que dans ma vie, tuer des vieux a remplacé le football. Je peux alterner le jeu, le spectacle, je peux même supporter des clans. C'est une activité parfaite. »

Silence. « Mon père. Puis ma mère. L'ordre n'avait pas d'importance.
          Une balle. Puis une balle.
          Dès que ma mère a vu le Glock, elle a su. C'est fou l'instinct maternel. Je l'ai poursuivie dans la cuisine, je l'ai priée d'être raisonnable mais elle pleurait trop pour m'entendre. Sa robe volait autour de ses genoux, la soie verte légère, interrompue par des motifs géométriques et des bouts de phrase sans aucune signification (« je suis une île » – « sexy future » – « 299 route de la plage »). Malheureusement pour elle, les talons hauts sont incompatibles avec une course-poursuite. Elle est tombée, genoux puis hanches puis buste en contact avec le sol, et sa tête a rebondi contre la cafetière. J'ai tiré. Je me souviendrai toujours de cette odeur : Carte Noire commerce équitable. »

Critique :

          Une idée prometteuse ! Réellement, c'est intéressant de voir comment l'auteure réussit à construire son récit autour d'un conflit entre les jeunes/vieux. Dit comme cela, ça peut rappeler un peu la querelle Anciens/Modernes du monde littéraire et artistique de la fin du XVIIe siècle.

          Bref, je m'éloigne du sujet. Le point majeur positif consiste en un concept passionnant. Le lecteur s'interroge avant même de débuter le livre : allons-nous prendre le pouvoir ? Allons-nous enfin écraser nos vieux ? Leur faire fermer leur gueule ? Ici, une très grande place est accordée aux jeunes, il ne faut assurément pas les sous-estimer ! Le début se révèle tout autant captivant, on suit l'avancée d'une révolution en marche, destructrice, catégorique.

          À mon sens, l'histoire s'essouffle quelque peu par la suite. Peut-être parce que l'auteure a décidé d'accorder plus d'importance aux personnages, dans une seconde partie du livre plutôt qu'au principe en lui-même qui aurait mérité un peu plus de développement. Elle parle trop généralement des jeunes, les regroupe un peu tous dans le même lot. On a tout de même quelques distinctions : les moins de treize ans, les plus de vingt-cinq, les jeunes des cités (vaguement). Elle évite de tomber dans les stéréotypes, elle demeure lucide. Ce n’est pas plus mal vous me direz de privilégier les personnages. Certains ont dû probablement s'identifier à eux. Pour ma part, je les trouve un peu trop décalés et mal intégrés au concept, un peu trop superficiels aussi. J'ai eu du mal à ressentir quoique ce soit pour eux. C'est un second point négatif pour le roman je trouve.

          Bref, vous me direz, finalement, je vous fais un gros pavé sur les défauts du livre. Ce n’est pas pour autant que je n'ai pas aimé attention ! L'idée n'est pas seulement ce qui est réussi, il y a aussi l'écriture de l'auteure, et la violence présente qui s'associe parfaitement à cette dernière. Un certain charme, accentué par un comique de situation mis en valeur quand on s'aperçoit que les vieux prennent les armes, et veulent nous écraser, ou encore quand on en vient à parler de leur insouciance, de leur petite vie tranquille, tout à coup perturbée par une jolie balle de sniper en pleine tête ! Headshot, retourne te coucher, bye bye.

          Beaucoup de questions interpellent le lecteur, lui viennent à l'esprit avant, durant, et après la lecture. Est-ce que cet avenir-là est réellement envisageable ? Que vont devenir nos « vieux » dans ce monde ? Quel avenir leur est réservé ? Les jeunes vont-il continuer à prendre de l'ampleur, peut-être un jour jusqu'à un tel point ? Au fil du roman, on adhère finalement à cette toute nouvelle puissance donnée aux jeunes, on en a envie ! Alors certes, il ne faudrait peut-être pas être si catégorique envers les vieux, mais pour autant, on ne peut s'imaginer penser à un monde gouverner par nous, les jeunes !

          Je conseille vivement cette lecture. Vous finirez le livre quoiqu'il arrive, ne vous inquiétez pas. On tient à savoir : mais qui va gagner ? Peut-on assouvir les vieux et les faire ramper à nos pieds ?

Note : 8/10
Attention il n'y a pas d'intermédiaires : une fois la barre des vingt-cinq ans dépassée, vous devez être tués ! Sur ce, bonne survie, ou bon défoulement en rentrant chez vous !

Signé : Eäron Valil

1 commentaire:

  1. J'avais bien aimé son autre roman (Dehors les chiens, les infidèles), faudrait que je tente celui-là un jour (j'aime beaucoup la couv en plus). Enfin si je survie jusqu'à la librairie sans me faire dégommer par un jeune :P

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