lundi 16 septembre 2013

Le Majordome, de Lee Daniels

          Je pensais me présenter à vous avec une critique littéraire, mais voilà, je suis tombé sur un os que j'essaie de ronger jusqu'au bout, et donc pour vous faire patienter, je vous présente rapidement mon dernier coup de cœur au cinéma avec l'affiche Le Majordome qui a l'air de souffrir d'un excellent
bouche à oreille puisque j'étais dans une grande salle comble pour une séance de 22 heures, chose que l'on ne voit pas tous les jours.

          Il s'agit d'un biopic d'une personne qui jusque-là m'était totalement anonyme, mais qui a joué probablement son petit rôle dans ce que j'appellerais "l'histoire de l'ombre". Tenu par un Forest Whitaker que j'aime toujours autant, notre héros majordome va gravir sans remous les échelons de la société noire dans un état encore ségrégationniste, jusqu'à devenir majordome à la Maison Blanche et voir défiler les présidents devant lui.

          J'ai adoré ce film d'une profondeur terrible de la société américaine de l'époque, avec l'évolution de la résistance noire, qui débute avec la résistance pacifique directement inspirée de Gandhi, avec ses bus de la Liberté. Martin Luther King Jr se fera le chantre de cela. Une légère évolution apparaitra avec Malcolm X, puis viendra le temps des Black Panthers. Le Majordome est un film montrant cette résistance par l'intermédiaire du fils de notre héros, engagé dans ce processus. Il y a une véritable dualité au sein de cette famille, celle élevée dans le respect de l'homme blanc et la génération en recherche d'émancipation.

          On obtient des scènes poignantes, des répliques pleines de sens. Une m'est resté en tête, avec Martin Luther King qui déclare au fils, dans le rejet de l'activité de son père, majordome qui lèche le derrière des blancs, que son père fait un travail admirable et qu'il est le premier élément subversif de la société par son exemplarité. De l'autre côté du mur, notre majordome dévoile une personnalité plus complexe que le visage lisse qu'il laisse paraitre lors de son travail, et je me répète, joue par un formidable Forest Whitaker.

          Mon seul regret est la fin du film qui a pour moi sombré légèrement dans le "fanboyisme" pro-Obama, bien que de mes souvenirs télévisuels de sa première élection, cela semble bien coller à une certaine réalité. Je conseille très fortement cette très belle réalisation sur un thème pourtant déjà vu mais très bien traité, et dont on ne se lasse pas.

mercredi 11 septembre 2013

Servir Froid, de Joe Abercrombie

Titre : Servir Froid
Auteur : Joe Abercrombie
Editeur : Bragelonne

Date de publication : 2013
Couverture :
Illustrateur : Didier Graffet et Dave Senior
Pages : 667 pages
Prix : 30,00 euros

Biographie auteur : (source : bragelonne.fr)

Né en 1974, Joe Abercrombie a été monteur sur des documentaires et des concerts avant de se consacrer à l’écriture. Le succès fut immédiat. Publié dans près de 15 pays, Joe se place en tête des meilleures ventes avec chaque nouvel ouvrage, au côté de J.R.R. Tolkien, Terry Pratchett et George R.R. Martin. Il a été qualifié par le Times de « l’étoile la plus brillante de la nouvelle génération d’auteurs de Fantasy britannique ». Servir froid a été récompensé par le David Gemmell Ravenheart Award.

Synopsis :

C'est le printemps en Styrie. Et avec le printemps, vient la guerre.
La guerre est un enfer, mais c'est aussi un gagne-pain pour certains, comme Monza Murcatto, la plus célèbre et redoutée des mercenaires au service du grand-duc Orso. Ses victoires l'ont rendue très populaire... trop, même, au goût de ses employeurs. Trahie, jetée du haut d'une montagne et laissée pour morte, Monza se voit offrir en guise de récompense un corps brisé et une insatiable soif de vengeance.
Quoi qu'il lui en coûte, sept hommes devront mourir.
Elle aura pour alliés un soûlard des moins fiables, le plus fourbe des empoisonneurs, un meurtrier obsédé par les nombres et un barbare décidé à se racheter une conscience.
C'est le printemps en Styrie. Et avec le printemps, vient la vengeance.

Critique :

                Ca y est ! J’annonçais de la fantasy, en voilà ! Avec un bon morceau puisqu’il s’agit du dernier Abercrombie au titre plutôt explicite, Servir Froid. Autant dire que ça va défourailler puisque ce roman one-shot est basé plus ou moins entièrement sur le thème de la vengeance à gogo. Et ça marche plutôt bien, bien que je n’ai pas trouvé la mécanique parfaitement huilé, abusant justement un peu trop de cette idée que tout le monde est psychopate, que tout est noir dans ce bas monde. Par conséquent, puisque l’on savait que les protagonistes allaient prendre le pire chemin existant, certains rebondissements en devenaient trop prévisibles, ou bien tout simplement lassant.

                Pour autant, ce sentiment m’est apparu seulement dans le dernier tiers du livre, et de façon légère. Je m’empresse de dire qu’il ne faut pas cracher dans la soupe afin d’exprimer ma très grande sympathie pour cette nouvelle histoire d’Abercrombie, très fun, et qui confirme toutes les qualités exprimées dans le cycle de la Première Loi dont il va bien falloir que je lise le dernier tome un jour ou l’autre.

                Les qualités donc. Cela commence par un sens de la répartie hors norme, avec des dialogues qui cognent sévères. Abercrombie est probablement l’auteur où on peut recenser le plus de réplique culte à la page. Néanmoins encore, il gâche un peu cette qualité en l’utilisant parfois un peu trop justement, dans le sens que le bon mot prend le dessus sur le récit en lui-même. C’est en cela que c’est un one-shot que j’ai trouvé résolument fun, où l’auteur est dans le 100% plaisir, au détriment  d’un cycle peut-être plus ambitieux. Le ressenti sera selon les goûts, si l’on aime bien ça, ou si l’on veut une histoire avec un peu plus d’ampleur. J’aime bien les deux, et un Abercrombie fun, ça reste tout de même une histoire avec une belle densité, la trame de l’histoire n’est pas monolithique.

                L’autre point extrêmement fort de l’auteur, ce sont ses personnages. Souvent, il s’agit de belles raclures, mais toujours, on éprouve de l’empathie pour les plus importants d’entre eux. Une chose est sûr, c’est qu’on n’aimerait pas être à leur place, parce qu’ils vivent un enfer, ou parce qu’ils sont un peu zinzins sur les bords. Je vous laisse la surprise, mais j’ai un petit faible pour Cosca et son nouveau copain Cordial. Abercrombie, meilleur auteur créateur de personnages ? Je ne suis pas loin de le penser.

                Le tout dans une ambiance globale délicieusement « dark », où le jeu des trônes est particulièrement machiavélique (pas pour rien que s’est appelé  « Les Années Sanglantes »), où les mercenaires retrouvent leur place de crapules parmi les crapules, où violence est reine, où l’héroïne est droguée pour garder un peu d’entrain. On a en la personne d’Abercrombie ce qui peut se rapprocher le plus d’un digne successeur de David Gemmell, si l’on veut entrer dans le jeu des comparaisons. Dommage pour les quelques redondances stylistiques un peu trop apparente.

Note : 8/10
Du Gemmell dans le texte, en un peu plus sombre et moins héroïque. A dévorer.

Une des toutes meilleures des Whites Stripes...



In the Cold, Cold Night by The White Stripes on Grooveshark

lundi 9 septembre 2013

BD à dévorer #7 Du lourd, du très lourd

Hello people !
          Aujourd'hui, toujours pas de chronique sur un nouveau roman, mais ça ne va pas tarder (je viens de terminer le dernier Abercrombie). Pour vous faire patienter, un petit tour d'horizon des meilleures BD que j'ai lu ces derniers jours (parce que oui, si vous voyez rarement de mauvaises notes sur ce blog, c'est que je fais de l'écrémage avant cela, surtout en BD).

Paco les mains rouges, de Vehlmann et Sagot
Note : 8,5/10
Un dessin qui pourra en rebuter quelques-uns, mais pas moi. J'ai tout de suite accroché à l'ambiance retranscrite, celle d'un presque condamné à mort qui va être envoyé au bagne de Cayenne pour perpette. Une BD où l'on suit donc notre "héros" qui raconte à la première personne d'une façon incroyablement détaché qui pour moi fait toute la saveur du récit, où nous lecteur sommes au premier plan sans que tout cela ne soit obscurcit par la rage (ou autres sentiments) du héros. Il nous raconte tout simplement comment il survit dans ce terrible milieu. J'ai adoré, à dévorer.

Ma Révérence, de Lupano et Rodguen
Note : 10/10
Grosse claque pour moi avec ce one-shot qui touche à la perfection. Thriller sociétal au découpage narratif intelligent servant parfaitement le récit, soutenu par un duo de héros extrêmement complémentaires, l'un beau phraseur, tête bien faite, mais qui a vu sa vie sombrer suite à un triste choix de sa part, essaie dorénavant de redresser la barre en orchestrant un braquage type "Robin des Bois", l'autre gros loubard de première totalement déjanté. Chacun son registre comique, le premier cynique, le second délirant. Mais les deux sont pour le moins attendrissants. Le tout servit par un dessin très sympathique, on obtient une bande dessinée génialissime, intelligente, drôle et touchante. A dévorer d'URGENCE avant la rupture de stock.

Saveur Coco, de Renaud Dilliès
Note : 9/10
Rentrée sous le signe de Dilliès avec la double sortie de l'intégrale d'Abélard, sûrement une de mes BD favorites, et la sortie de sa dernière nouveauté, à savoir Saveur Coco. Et c'est une grande réussite, bien que je la place en-dessous d'Abélard. Le ton est plus léger, totalement décalé, l'auteur basant son récit sur l'absurde. Pas fan de l'absurde justement, je ne peut pourtant que m'incliner devant Renaud Dilliès qui a ce petit truc qui fait la différence. Cette BD est une bouffée d'air frais avec comme dans Ma Révérence un duo de héros qui fonctionne du tonnerre, se donnant la réplique de façon délicieuse avec leurs deux caractères totalement différents. A dévorer.

jeudi 5 septembre 2013

La Tour des Damnés, de Brian Aldiss

Titre : La Tour des Damnés
Auteur : Brian Aldiss
Editeur : Le Passager Clandestin

Date de publication : 2013 (1ère publ. En 1973)
Couverture :
Illustrateur : Xavier Sébillote
Pages : 106 pages
Prix : 8,00 euros

Biographie auteur :

Brian Wilson Aldiss naît le 18 août 1925 à Dereham (Norfolk, Angleterre). Largement méconnu du grand public – si l’on fait exception de sa nouvelle Les Supertoys durent tout l’été (1969 qui servit de base au A.I. Intelligence aritificielle (2001) de Steven Spielberg – il révéla tout son talent de visionnaire dans les années 1960-1970 (Le Monde vert, Barbe-Grise, Frankenstein délivré…) et contribua à l’éclosion et la reconnaissance de la Speculative Fiction britannique, aux côtés de J. G. Ballard et Michael  Moorcock.

Synopsis :

                En 1968, Brian Aldiss imagine une expérience aux proportions babyloniennes pour mesurer les effets de la surpopulation.

Critique :

                Bon, j’ai dit sur Facebook que ce début d’année scolaire allait envoyer du lourd, mais je vous avoue que je n’ai pas vraiment eu de pause après un été particulièrement fatigant, et donc qu’à l’heure où j’écris ces mots, je suis tout simplement claqué. Malgré tout, je n’oublie pas votre insatiable envie de lire mes billets résumant mes dernières lectures (n’allez pas me dire le contraire, je pourrais faire une chose qui vous plaira sinon). Et donc, je mets un point d’honneur de remettre en avant la collection des « dyschroniques » aux éditions du Passager Clandestin, une de mes rares lectures du mois d’août grâce à la brièveté du contenu. Un livre, une nouvelle. Mais une nouvelle assez longue dans le cas présent.

                Bien qu’elle date de « quelques » années, cette nouvelle a très bien vieilli puisqu’elle n’aborde pas le genre de la science-fiction par le biais de la technologie mais par celui des sciences sociales. Et ma foi, ça marche plutôt très très bien, avec une idée extrêmement sympathique que je ne vais pas dévoiler afin que vous en conserviez toute la saveur lorsque vous vous fournirez l’objet (si si ).

                C’est une nouvelle donc où l’idée prédomine sur le reste. Néanmoins, la palette des personnages est intéressante, d’autant plus au niveau des relations entre eux puisqu’il s’agit du cœur de l’idée qui construit ce livre, apportant une véritable densité à cette aventure qui ne reste pas uniquement au niveau du concept.

Le style littéraire quant à lui élimine toute fioriture. Avec Aldiss, on est dans l’efficace, l’écrit ne lui sert qu’à s’exprimer d’une façon très direct, avec des phrases courtes qui rendent compte de ce petit côté « rapport scientifique » où l’on prend acte du fait. Pour le coup, aucune difficulté de lecture devant vous, la voie est libre pour une bonne séance de dévorage.

Note : 8,5/10
Aldiss aux mille délices, à dévorer.

Young Folks by Peter Bjorn and John on Grooveshark

lundi 2 septembre 2013

BD à dévorer #6

Bonjour !
          Que vois-je ?! Dernière publication le 4 août ! Une éternité en somme. Mais ne croyez pas que je comptais vous délaisser. Tout simplement la fatigue et le travail m'ont-ils empêché d'être plus présent sur la toile. D'un côté, j'avoue avoir eu besoin d'une petite coupure, mais ce n'est que pour revenir plus fort, j'annonce la couleur.
          Et ce premier billet bandes dessinées est significatif : vous allez en avoir des avis BD, un bon paquet. Tellement que le modèle privilégié sera le format des "speed critiques", histoire que je puisse suivre le rythme.
          Mais le roman ne sera pas oublié, au contraire ! J'ai même un programme plutôt chargé qui vous attend, essentiellement à base de fantasy puisque les nouveautés du genre sont alléchantes, le tout agrémenté bien évidement de science-fiction.
          Place au Dévoreur Nouveau !

La Guerre des Lulus, La maison des enfants trouvés, 1914, de Régis Hautières et Hardoc
Note : 8/10
Une BD qui ne m'attirait pas plus que cela de prime abord, du fait de la thématique récurrente de la 1ère Guerre Mondiale et d'un dessin qui ne m'emballait pas. Mais la critique dessus était élogieuse. Mon immersion a été assez rapide, trouvant la première moitié de ce volume sympathique, touchant de naïveté et de tendresse dans un monde en guerre. Mais la suite allait crescendo, terminant sur une note assez dramatique, prenant le lecteur au piège de cette nouvelle série pleine de promesses pour la suite. A dévorer.

Où le regard ne porte pas, tome 1, de Georges Abolin et Olivier Pont
Note : 8,5/10
Comme quoi, faire un inventaire en librairie, c'est parfois positif. J'ai tout de suite été accroché par la couverture de ce premier volume et ce titre à tendance poétique. Un récit mélodramatique extrêmement touchant, où une infime évolution dans les sentiments d'un personnages bouleverse la suite de l'histoire. Mon seul regret, malgré un dessin qui me plaît, c'est le manque de grandes planches afin de mettre plus en valeur le décor magnifique de ce récit ancré au début du XXème siècle en Italie. Je m'en vais dévorer la suite de ce qui semble être un diptyque.

Frenchman, de Patrick Prugne
Note : 9/10
Waouh ! sera peut-être mon commentaire le plus explicite. J'adore tout simplement. Je ne connaissais pas du tout Patrick Prugne, grosse découverte pour moi. De même que Où le regard ne porte pas, j'ai d'abord été attiré par cette couverture où le "vide" est présent, mais uniquement pour mettre en valeur le personnage de façon énigmatique. Et c'est ce qu'on retient très rapidement de cette BD, son dessin magnifique avec des plans époustouflants. Si j'ai bien compris, il s'agirait d'un dessin fait à l'aquarelle, une réussite. L'histoire est plus classique mais très bien rendue, extrêmement bien mise en valeur par ce dessin justement, mais aussi extrêmement bien documenté sur cette Amérique du tout début XIXème siècle. Quelques planches et dessins préparatoires commentés par l'auteur à la fin de l'ouvrage donne aussi un point de vue nouveau sur le travail de Patrick Prugne, très intéressant. A dévorer.